Plus d'un million de Centrafricains, soit 20 % de la population du pays, sont menacés de disette dans les mois à venir du fait de mauvaises récoltes et des violences depuis le début 2013, a averti vendredi le Programme alimentaire mondial (PAM).

«De nombreux agriculteurs ont fui leurs fermes, laissant leurs cultures en friche. La majorité des ménages a déclaré avoir été victime de vol de bétail. Certaines familles ont vendu leur bétail et leurs semences pour survivre, tandis que d'autres ont vendu leurs troupeaux par crainte des pillages ou par peur d'avoir à fuir», indique un communiqué du PAM basé sur une récente enquête sur la sécurité alimentaire en Centrafrique.

«Cette enquête montre que 1,1 million de personnes ne sont pas en mesure de satisfaire leurs besoins alimentaires journaliers ou ont besoin d'une aide alimentaire pour survivre», ajoute le texte, en soulignant qu'«il n'y aura pas assez de nourriture dans le pays pour couvrir les besoins des populations entre janvier et février 2014».

Jeudi, le premier ministre centrafricain de transition, Nicolas Tiangaye, avait déclaré avoir besoin de 670 millions d'euros (937 000 $) de financements extérieurs dans les 18 prochains mois pour redresser le pays, livré à une profonde crise humanitaire et sécuritaire.

La Centrafrique est plongée dans le chaos depuis le renversement du président François Bozizé le 24 mars par la coalition rebelle Séléka, aujourd'hui officiellement dissoute par son chef, Michel Djotodia, investi comme président de transition le 18 août. Des combattants de l'ex-Séléka multiplient les exactions contre une population épuisée par des années de troubles, rébellions et coups d'État.

Des groupes d'autodéfense ont pris les armes contre eux, entraînant des violences qui prennent un caractère intercommunautaire et ont déplacé des dizaines de milliers de civils, essentiellement dans le nord-ouest du pays.

Vendredi, le groupe international de contact sur la Centrafrique - coprésidé par le Congo et l'Union africaine (UA) et qui regroupe une quarantaine de pays et organisations - a débuté une réunion à Bangui pour examiner les moyens de ramener la paix et la sécurité dans le pays.

Pour l'UA, «la tâche est immense. De toute évidence, la RCA traverse la période la plus délicate de son histoire post-indépendance. La situation est caractérisée par une insécurité persistante, des violations des droits de l'homme, des affrontements intercommunautaires aux relents quelquefois confessionnels, une crise humanitaire aiguë», a résumé le représentant de l'organisation, Jean-Claude Ndiyo, à l'ouverture des débats.

Dans ce contexte, «l'adoption rapide» d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU sur «les modalités de soutien à la force internationale que l'UA a créée depuis juillet» est très importante, a souligné le président congolais Denis Sassou Nguesso.

La force africaine (MISCA) compte actuellement 2500 soldats sur un total prévu de 3600 et tente de rétablir la sécurité à Bangui et dans quelques villes de province. Mais son action est limitée jusqu'à présent par des difficultés logistiques et financières.

La réunion du groupe de contact doit se poursuivre jusqu'à dimanche. Créé à l'initiative de M. Sassou Nguesso - médiateur dans la crise centrafricaine -, il s'était réuni une première fois le 3 mai à Brazzaville, puis une deuxième le 8 juillet au siège de l'UA à Addis Abeba.