Plus d'un million de personnes avaient signé lundi une pétition en ligne réclamant justice après que trois hommes accusés du viol d'une adolescente kényane se sont vu infliger, pour seule punition, de débroussailler autour du commissariat.

Une campagne avait déjà été initiée début octobre par le quotidien kényan Daily Nation : les trois hommes, aussi accusés d'avoir jeté la jeune fille de 16 ans dans une fosse septique après l'avoir violée, avaient échappé à toute poursuite.

Selon le journal, l'adolescente, identifiée sous le pseudonyme de Liz, avait été attaquée, battue et violée par six hommes alors qu'elle revenait des funérailles de son grand-père dans l'ouest du Kenya, en juin.

Toujours d'après le Daily Nation, elle connaissait certains de ses agresseurs et les trois hommes en question avaient été emmenés au poste de police par des habitants. Selon les médias, les policiers avaient laissé repartir les présumés agresseurs après leur avoir simplement demandé de couper l'herbe autour des locaux.

Lundi, une pétition initiée par une militante kényane des droits des femmes, Nebila Abdulmelik, et relayée par le groupe activiste Avaaz avait déjà recueilli plus d'un million de signatures.

«Laisser partir libres des violeurs après leur avoir fait couper l'herbe (...) c'est l'échec complet d'un système entier et une réponse absolument honteuse de la police kényane», a commenté Mme Abdulmelik dans un communiqué.

Depuis son agression, l'adolescente est dans un fauteuil roulant, la colonne vertébrale endommagée. Selon le Daily Nation, elle a également souffert de fistule obstétricale, qui l'a rendue incontinente.

Début novembre, elle avait elle-même confié au quotidien vouloir «que justice soit faite». «Je veux que mes agresseurs soient arrêtés et punis», avait-elle ajouté.

Les députés kényans ont eux aussi condamné l'agression et les défaillances de la police, demandant à ce que des mesures soient prises.

«Le supplice de Liz est impossible à imaginer, mais la seule façon pour que la police arrête de traiter les victimes avec une telle cruelle négligence est de lui demander des comptes», a de son côté déclaré Dalai Hashad, directrice de campagne chez Avaaz.

Au cours du week-end, le chef de la police kényane, David Kimaiyo, a affirmé que les forces de l'ordre avaient mené «une enquête complète» et qu'elles attendaient désormais les instructions du bureau du procureur. Il n'a donné aucune autre précision, n'expliquant notamment pas qui cette enquête visait, ni quelles instructions il attendait.

Le viol est un réel problème de société au Kenya, que la police est régulièrement accusée de ne pas prendre au sérieux.

Une étude menée en 2009 par le gouvernement a montré qu'une femme ou une fille sur cinq était victime de violences sexuelles dans le pays. D'autres études ont débouché sur des taux plus élevés.

Une étude réalisée par l'ONU en 2010 sur des enfants avait révélé qu'un tiers des filles et un cinquième des garçons étaient victimes de violences sexuelles.

«Liz n'est malheureusement pas la première ou la dernière victime de viol», a poursuivi Mme Abdulmelik. «Son cas doit être l'occasion pour nous de nous rassembler, d'exprimer notre solidarité, notre indignation et de demander aux autorités de prendre leurs responsabilités et la fin de la culture de la violence et de l'impunité qui est devenue la norme».