Un important réformiste du parti au pouvoir au Soudan a annoncé samedi qu'il fondera sa propre formation politique après avoir été suspendu pour avoir condamné les plus récentes dérives sécuritaires du gouvernement contre des manifestants.

Il s'agit là d'un nouveau signe de la déception grandissante vis-à-vis le gouvernement.

L'annonce de Ghazi Salah Eddin fait suite à une série de violentes manifestations survenues en septembre après que le gouvernement du président Omar el-Béchir eut décidé d'éliminer les subventions sur le carburant, faisant pratiquement doubler les prix des produits du pétrole. Les autorités ont violemment réprimé les manifestations qui ont suivi, tuant des dizaines de personnes.

M. Salah Eddin et d'autres membres du Parti du Congrès national ont plus tard signé une pétition réclamant l'annulation des mesures d'austérité, en plus d'exiger la tenue d'une enquête sur les meurtres de protestataires.

Dans ce qui semblait s'apparenter à un geste de représailles, un comité du parti au pouvoir a décidé jeudi de suspendre neuf des membres ayant signé la pétition, dont M. Salah Eddin, un ancien conseiller présidentiel.

M. Salah Eddin a annoncé sa décision samedi dans un message publié sur sa page Facebook personnelle. Il a qualifié sa suspension d'«arbitraire» et a affirmé qu'elle avait porté un dur coup aux efforts de réforme au sein du parti.

«Nous avons décidé de proposer la formation d'un nouveau parti qui offrira une alternative respectable et un nouvel espoir pour le Soudan», a-t-il dit.

La date officielle de formation du nouveau parti n'a pas été précisée. Des tentatives de rejoindre son chef potentiel n'ont pas été couronnées de succès, samedi soir. Le silence était également de mise chez le parti au pouvoir.

M. Salah Eddin dispose d'appuis chez les jeunes islamistes, les étudiants universitaires à Khartoum et dans d'autres villes, ainsi que chez plusieurs membres de l'élite du pays.

Les émeutes de septembre se sont transformées, en certains endroits, en des appels au départ de M. El-Béchir, qui dirige le pays depuis plus de deux décennies. Le Soudan a perdu la majorité de ses réserves de pétrole lorsque le Soudan du Sud a fait sécession pour devenir un État indépendant en 2011, après des décennies de guerre civile.

M. El-Béchir est recherché par la Cour pénale internationale en vertu d'allégations liées au conflit dans la région du Darfour, dans l'ouest du Soudan, où quelque 300 000 personnes sont mortes depuis 2003 en raison des combats entre les tribus soutenues par l'État et les rebelles.