Le Niger est en tête des pays qui ont réduit de la manière la plus draconienne et la plus équitable la mortalité infantile depuis 1990, selon une étude publiée mercredi par l'ONG Save the Children.

La mortalité des moins de cinq ans au Niger a été réduite de deux tiers, passant de 326 pour 1000 en 1990 à 114 pour 1000 en 2012, grâce à la volonté de Niamey et à un fort soutien international, qui ont permis la gratuité des soins pour femmes enceintes et enfants ainsi que des programmes de nutrition, d'après l'ONG.

Ce progrès ne saurait toutefois masquer une réalité dramatique. Entre 4100 et 5900 enfants de moins de 5 ans sont morts chaque année des suites de la malnutrition au Niger entre 2010 et 2012. Plus de 2500 d'entre eux ont péri sur les huit premiers mois de 2013.

Environ 500 000 enfants sont traités dans le système de santé nigérien, toutes formes de malnutrition confondues, selon l'Unicef.

Sans l'aide internationale, évaluée à 931 millions de dollars depuis 2010, les enfants nigériens mourraient par dizaines de milliers de malnutrition chaque année, avait indiqué plus tôt ce mois-ci Guido Cornale, un responsable de l'Unicef, à l'AFP.

La pérennité des progrès nigériens est donc en partie conditionnée à la générosité des bailleurs, ce qui peut inquiéter dans un pays sahélien à la fécondité galopante qui connaît une insécurité alimentaire majeure.

Parmi les 10 pays qui ont le mieux réussi à réduire le nombre d'enfants de moins de cinq ans décédant de causes qui auraient pu être évitées figurent aussi le Libéria, le Rwanda, l'Indonésie, Madagascar, l'Inde, la Chine, l'Égypte, la Tanzanie et le Mozambique.

À l'autre extrémité de la liste, on trouve Haïti, la Papouasie Nouvelle-Guinée et la Guinée équatoriale.

L'étude porte sur 75 pays, les plus atteints par la mortalité maternelle et infantile. Elle mesure non seulement les progrès réalisés, mais si ces progrès ont bénéficié à toutes les régions et toutes les classes sociales du pays et s'ils sont durables parce que soutenus par une volonté politique.

De ce point de vue, souligne le rapport, les avancées réalisées dans des pays comme le Bangladesh et le Cambodge sont précaires, car inégales. En Afrique subsaharienne, qui concentre la moitié des décès d'enfants de moins de cinq ans, ces inégalités entre enfants riches et pauvres se sont en fait aggravées entre 1998 et 2008, selon l'étude.

Quatre millions d'enfants auraient pu ainsi être sauvés si les progrès de la lutte contre la mortalité infantile avaient été répartis de manière équitable, souligne l'ONG.

«Souvent, les enfants les plus pauvres sont délaissés et dans les cas extrêmes, leur situation empire», souligne Patrick Watt, directeur de campagne pour Save the Children. «Les dirigeants mondiaux doivent garantir que tous les enfants aient une chance égale de survivre».

Parmi les Objectifs du Millénaire pour le développement fixés par l'ONU en 2000 figure une réduction de deux tiers de la mortalité infantile d'ici à 2015. Selon l'étude, 25 pays ont d'ores et déjà atteint cet objectif, dont certains parmi les plus pauvres (Bangladesh Éthiopie, Libéria, Malawi, Népal, Tanzanie) et plusieurs autres sont en passe d'y parvenir (Cambodge, Guinée, Mozambique, Niger, Rwanda).

Les progrès ont été «sans précédent» depuis un demi-siècle, souligne Save the Children: en 1960 la mortalité infantile en Afrique était de 27%, contre moins de 10% aujourd'hui. Mais «il ne faut pas relâcher les efforts, car chaque jour 18 000 enfants de moins de cinq ans meurent de causes évitables».