D'ex-rebelles de la Renamo ont attaqué mardi matin un poste de police dans le centre du Mozambique en représailles à l'assaut la veille de leur base militaire par les troupes gouvernementales, faisant craindre un retour de la guerre civile après deux décennies d'une paix précaire.

Vers 4 h du matin (22 h lundi à Montréal), des hommes armés ont pris pour cible le poste de police de la petite ville de Maringue, située à environ 35 kilomètres de la base de la Renamo. «Heureusement, il n'y a aucun mort, parce que les policiers se sont enfuis», a indiqué à l'AFP par téléphone l'administrateur de la ville, Anton Absalao.

«La situation est horrible ici», a raconté un enseignant, Romao Martins, contacté par téléphone. «Tôt ce matin, des hommes armés, qu'on suppose être de la Renamo, ont attaqué. C'était le chaos. Pendant une heure, on a entendu des coups de feu dans tous les sens, et les gens ont fui leurs maisons. Maintenant, Maringue est déserte».

Le porte-parole de la Renamo, Fernando Mazanga, a admis que des ex-rebelles étaient à l'origine de l'attaque, mais assuré qu'ils avaient agi sans ordres, dans une réaction spontanée à l'attaque de leur base par les troupes de l'armée.

«Le président de la Renamo (Afonso Dhlakama) a perdu le contrôle de la situation et vous ne pouvez pas lui en vouloir pour ce qui se passe maintenant», a affirmé M. Mazanga, «la guérilla est dispersée et ils vont attaquer sans en avoir reçu l'ordre».

Lundi soir, les ex-rebelles de la Renamo avaient dénoncé un accord de paix datant de 1992, qui avait mis fin à 16 ans de guerre civile, après l'attaque des forces gouvernementales contre leur base dans le centre du pays.

«L'attitude irresponsable du commandant en chef des forces de sécurité met fin à l'accord de paix de Rome», avait déclaré le porte-parole de la Renamo, désignant ainsi le président mozambicain Armando Guebuza.

Pour Aditi Lalbahadur, chercheuse à l'Institut sud-africain des affaires internationales, il convient toutefois de prendre avec des pincettes ces déclarations de la Renamo : «Je ne pense pas qu'ils aient les capacités de se lancer dans une guerre totale», dit-elle, assurant que les hommes armés groupés autour de Dhlakama sont au nombre d'environ 400.

La Renamo, historiquement un mouvement anti-communiste qui a mené une guerre civile contre le Frelimo communiste entre 1977 et 1992, a perdu aujourd'hui les soutiens qui étaient les siens à l'époque de la guerre froide, notamment de la part de l'Afrique du Sud.

«Ils n'ont plus ces soutiens extérieurs, donc ils n'ont plus d'appui financier ou politique», note l'analyste.

Elle souligne d'autre part que le gouvernement, qui commence à exploiter les énormes ressources d'hydrocarbures récemment découvertes, n'a aucun intérêt à susciter l'insécurité dans le pays : «Le Mozambique s'efforce d'attirer les investisseurs étrangers, donc toute forme d'instabilité politique jouerait en leur défaveur».

L'accord de paix de 1992 avait mis fin à une guerre civile qui avait fait un million de morts et totalement ruiné le pays.

Après des années de paix fragile, la situation a commencé à se dégrader l'année dernière, lorsque M. Dhlakama a établi sa base dans les monts Gorongosa et recommencé à entraîner des guérilleros. Depuis avril dernier, les tensions qui couvaient se sont transformées à nouveau en affrontements meurtriers.

L'ex-guérilla, devenue premier parti d'opposition du pays, dénonce la politique du Frelimo, au pouvoir depuis 1975, qu'elle accuse d'accaparer le pouvoir et les richesses naturelles. Le Frelimo avait obtenu 75 % des voix à la présidentielle de 2009, contre un peu plus de 16 % à la Renamo, qui a crié à la fraude.