Un mois après l'attaque du centre commercial Westgate de Nairobi revendiquée par les shebab somaliens, la menace de nouveaux attentats reste élevée en Afrique de l'Est, notamment en Ouganda où la police appelle à la vigilance.

«Restez en état d'alerte et surveillez mutuellement vos mouvements et activités, car nous faisons toujours face à une menace terroriste», a déclaré la police ougandaise sur son compte Twitter.

Cette mise en garde intervient après un message d'alerte émis jeudi par les Américains : leur ambassade à Kampala a dit «évaluer des informations selon lesquelles une attaque du style du Westgate pourrait intervenir bientôt à Kampala».

L'ambassade n'a fourni aucune indication supplémentaire sur le moment ou le lieu exact d'une possible opération. Mais dans les rues de Kampala, la sécurité était renforcée.

À l'entrée du Garden City, l'un des principaux centres commerciaux de la ville, de nombreuses voitures attendaient aux contrôles de sécurité. Les véhicules étaient passés au peigne fin et leurs occupants fouillés. Des policiers lourdement armés patrouillaient.

Des mesures similaires ont été mises en place dans d'autres centres commerciaux.

«Ce sont de nouvelles mesures, les policiers ne sont ici que depuis quelques jours», a affirmé une serveuse dans l'un des cafés du Kisementi Square. «C'est pour éviter des événements comme au Westgate. Ils pensent que des terroristes pourraient déjà avoir pénétré dans le pays».

Au moins 67 personnes sont mortes dans l'attaque du Westgate fin septembre. L'attentat a été revendiqué par les insurgés islamistes somaliens shebab, disant agir en représailles de l'intervention militaire kényane menée contre eux dans le Sud de la Somalie depuis fin 2011.

Entrés d'abord seuls en Somalie, les Kényans ont ensuite intégré la Force de l'Union africaine en Somalie (AMISOM), déployée depuis 2007 pour combattre les shebab auprès de la fragile armée du pays, et dont les deux autres principaux contingents sont fournis par l'Ouganda et le Burundi.

L'Ouganda, plusieurs fois menacé de représailles par les shebab, a déjà été durement frappé par une attaque des islamistes : en 2010, un double attentat le soir de la Coupe du monde de football, revendiqué par le mouvement affilié à Al-Qaïda, avait fait 76 morts à Kampala.

Dès l'attaque du Westgate, le Burundi, lui aussi plusieurs fois menacé par les shebab et mis régulièrement en garde contre le risque d'attaques par les États-Unis, avait également annoncé avoir renforcé ses contrôles de sécurité, alors que les Burundais craignaient d'être les prochains sur la liste et commençaient à demander à leur gouvernement de retirer le contingent déployé en Somalie.

Corps décomposés

La mise en garde de la police ougandaise intervient alors que, selon la BBC, les enquêteurs à Nairobi auraient identifié l'un des quatre assaillants du Westgate repérés sur des vidéos de surveillance. Norvégien d'origine somalienne, le jeune homme, 23 ans, se nommerait Hassan Abdi Dhuhulow. Il aurait quitté la Somalie pour la Norvège encore enfant.

Interrogé par la télévision norvégienne, un proche du jeune homme a cependant nié qu'il soit l'un des hommes aperçus sur les vidéos.

Quatre semaines après l'attaque du Westgate, l'une des grandes questions en suspens reste l'identité des assaillants.

La police kényane avait diffusé le nom des quatre personnes repérées sur les vidéos de surveillance. Aucun ne correspondait au Norvégien identifié par la BBC, mais il ne s'agissait que de noms de guerre, qui renseignaient peu sur la réelle identité des agresseurs.

En plus des 67 morts, la Croix-Rouge recense encore 23 disparus dans l'attaque du Westgate.

Les enquêteurs et experts médico-légaux déblaient encore les décombres du bâtiment, dont une partie s'est effondrée dans les affrontements entre assaillants et membres des forces de sécurité.

L'un des objectifs est de retrouver les corps de disparus et des assaillants, ou même, compte tenue de leur décomposition, des bouts de cadavres.

Jeudi, une source policière a indiqué qu'un «crâne» avait été retrouvé dans les décombres et que des tests ADN allaient être effectués pour tenter de déterminer de qui il s'agit.

«Il est difficile de dire s'il appartient à un terroriste, à un civil ou à un membre des forces de sécurité qui tentait de secourir les gens dans le centre commercial, parce qu'il est décomposé», a précisé la source sous couvert d'anonymat.