L'ex-ministre sénégalais Karim Wade, fils de l'ex-président Abdoulaye Wade, a été une nouvelle fois inculpé d'enrichissement illicite présumé et maintenu en détention préventive où il se trouve depuis mi-avril, pour six mois supplémentaires, a annoncé jeudi à l'AFP un de ses avocats.

Karim Wade a été entendu pendant plusieurs heures mardi à Dakar à la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), une juridiction spéciale sénégalaise, avant d'être à nouveau inculpé et reconduit en prison mercredi, a affirmé jeudi cet avocat, Me El Hadji Sall.

En septembre, le procureur de la CREI avait adressé à Karim Wade une nouvelle mise en demeure pour lui demander de justifier dans un délai d'un mois l'origine de 98,6 milliards de FCFA (plus de 209 millions de dollars) déposés, selon l'accusation, dans des comptes d'une banque à Monaco.

M. Wade, avait été inculpé une première fois et placé en détention préventive le 17 avril à Dakar après une première mise en demeure de la CREI qui l'accusait d'avoir acquis de manière illicite divers biens et sociétés d'une valeur totale estimée à 694 milliards FCFA (plus de 1,4 milliard de dollars), ce qu'il nie.

L'instruction pour ce dossier devait durer au maximum six mois au terme desquels il devait bénéficier d'un non-lieu ou être renvoyé devant une juridiction pour un procès, a rappelé Me Sall, fustigeant les responsables de l'instruction de son dossier.

«Aujourd'hui (jeudi), les six mois sont arrivés à expiration» et Karim Wade aurait dû être libéré, «mais ils ont attendu le jour de la Tabaski (fête musulmane de l'Aïd el-Kébir célébrée mercredi au Sénégal) pour le placer sous mandat de dépôt», a poursuivi l'avocat.

«En réalité, ils n'ont aucune preuve de leurs accusations contre Karim. (...) Ils lui avaient adressé une première mise en demeure pour enrichissement illicite présumé, puis ils ont extrait une deuxième mise en demeure du dossier pour justifier la deuxième inculpation. Ce n'est pas une inculpation, c'est une prise d'otage, c'est comme cela que nous le percevons», a-t-il ajouté.

Aucune source n'avait pu être immédiatement jointe par l'AFP dans le camp de l'accusation.