Le bilan de l'accident de pirogue sur le fleuve Niger survenu près de Koubi, dans le centre du Mali, s'est alourdi à 39 morts après la découverte dimanche de nouveaux corps, tandis que des occupants de l'embarcation étaient toujours recherchés.

Les habitants de Koubi, à plus de 70 km au nord de Mopti, le chef-lieu de région, sont mobilisés pour les opérations de secours, de recherche de survivants et de récupération des corps depuis l'accident de la pinasse (grande pirogue), survenu dans la nuit de vendredi à samedi.

L'embarcation, qui transportait un nombre inconnu de passagers et d'importantes quantités de marchandises, s'est brisée pour une raison encore indéterminée selon les autorités de la région de Mopti.

Dimanche matin, Ibrahim Waïgalo, un conseiller du village de Koubi, avait affirmé à un journaliste de l'AFP qui s'est rendu sur place que 32 corps avaient été récupérés depuis le drame, indiquant que des disparus étaient toujours recherchés.

Dimanche soir, la télévision publique malienne ORTM a fait état d'un «bilan provisoire» de 39 morts, sur la base d'informations recueillies sur place. La recherche de disparus se poursuivait toujours, d'après elle.

Il n'y a pas eu de survivant depuis l'annonce, samedi, du premier bilan officiel, qui était alors de 20 morts, 23 disparus et 210 rescapés.

Dès samedi soir, le gouverneur de la région de Mopti, Ibrahima Hama Traoré, avait indiqué qu'il s'agissait d'une des pires catastrophes fluviales de l'histoire du pays: les accidents impliquant des pinasses se produisent souvent au Mali, mais «un tel bilan» de morts et disparus, «c'est vraiment exceptionnel», avait-il dit.

Les pinasses sont l'un des moyens de transport utilisés par une grande partie des populations du centre et du nord du Mali pour rallier les localités riveraines du Niger et de ses affluents.

Souvent équipées d'un moteur, elles convoient parfois plusieurs centaines de passagers et des dizaines de tonnes de marchandises dans ce pays enclavé s'étendant sur 1 240 000 km2.

Le fleuve Niger traverse le Mali sur 1750 km et relie les zones humides du Sud aux régions en majorité désertiques du Nord.

«La pinasse était pleine à craquer»

À Koubi, les derniers corps sortis de l'eau étaient enveloppés de nattes ou cachés sous des couvertures ou sacs vides en attendant de pouvoir les inhumer. Samedi, 26 cadavres ont été enterrés dans un cimetière du village, a-t-on indiqué à l'AFP.

Des rescapés secourus par les villageois demeuraient sur place, faisant sécher leurs habits et divers effets personnels sur les murs en banco (terre séchée) ou à même le sol. Certains survivants étaient rejoints par des proches venus d'autres localités pour s'occuper des plus jeunes ou participer aux recherches.

Seydou Maïga, enseignant et un des rescapés, avait pris la pinasse avec 16 de ses amis pour relier Mopti à Tombouctou (nord-ouest), villes distantes de plus de 720 km.

«On était en pleine causerie quand ce problème (l'accident) est arrivé. (...) J'ai nagé pour pouvoir me sauver», a-t-il dit à l'AFP.

Selon lui, la pinasse accidentée était une pirogue de grande capacité, à étage. À l'embarquement, ses responsables ont indiqué «qu'il y avait 218 personnes avec leur billet, mais on était plus nombreux que cela. Je ne sais pas combien on était, peut-être 300, parce qu'il y avait des gens qui n'avaient pas acheté de billet», a-t-il affirmé.

Dimanche soir, l'ORTM a rapporté que la pinasse avait à son bord «300 à 400 passagers» et «des marchandises et bagages dont les poids sont estimés à entre 70 et 80 tonnes».

Sans être en mesure de se prononcer sur ses causes, des rescapés ont rapporté que l'accident avait été précédé de l'effondrement de l'étage de la pinasse, suivi d'un grand bruit qui a provoqué la panique.

«La pinasse était pleine à craquer», a raconté à l'ORTM un autre survivant, Mahamane Maïga. Selon lui, en dépit de cette surcharge, elle a réussi à passer sans problème trois postes de contrôle depuis son départ de Mopti.

Mariam Hacko, venue de Bamako à Koubi pour soutenir son frère ayant perdu son épouse et leur filleule dans le naufrage, s'est emportée contre des sapeurs-pompiers, estimant qu'ils n'ont pas pris de dispositions à la hauteur du drame.

«Les villageois qui sont là, ce sont eux qui sont en train de faire le nécessaire. L'enterrement, ils prennent ça en charge. Le secours, ils prennent tout ça en charge», a dit à l'AFP Mme Hacko.