Des centaines d'hommes et de femmes ont défilé pour la «liberté» à Khartoum vendredi, en dépit du déploiement de milices, des troupes soudanaises et de la police antiémeute ont constaté des journalistes de l'AFP.

L'un des plus importants rassemblements s'est déroulé dans le quartier populaire de Chambat, dans le nord de Khartoum, où des centaines d'habitants ont manifesté sur des chemins en terre, une dizaine de jours après le début d'une mobilisation anti-régime déclenchée par la hausse des prix du carburant.

Ils ont tenté de se rassembler sur un terrain vague, mais des officiers des forces de sécurité armés et en uniforme les en ont empêchés, a indiqué un journaliste de l'AFP.

«Un million de martyrs pour une nouvelle aube», ont-ils clamé, criant «Liberté!» ou encore «Justice».

«Le peuple veut la chute du régime», ont-ils scandé, reprenant le slogan des révoltes du Printemps arabe qui ont eu raison en 2011 de plusieurs dirigeants de la région.

Ailleurs, des centaines de personnes ont manifesté devant des locaux de la Sécurité de l'État, a indiqué une source au sein des Nations unies, ajoutant qu'il y avait eu plusieurs autres manifestations pacifiques.

Ces protestations, qui ont débuté après la prière musulmane hebdomadaire du vendredi, se sont déroulées en dépit d'une campagne d'arrestation de centaines de personnes après des manifestations meurtrières la semaine passée.

Les autorités ont affirmé que 34 personnes ont été tuées en marge des manifestations protestant contre la décision du gouvernement de cesser des subventions sur le carburant, qui a fait doubler les prix et déclenché une mobilisation sans précédent depuis l'arrivée au pouvoir du président Omar el-Béchir il y a 24 ans.

Les forces de sécurité pourraient avoir tué plus de 200 manifestants, dont nombre ont succombé à des blessures par balle à la tête ou au thorax, selon Amnesty International.

La mobilisation s'est beaucoup essoufflée cette semaine.

À Omdurman, la ville mitoyenne de Khartoum, un journaliste de l'AFP a vu vendredi une dizaine de pick-up transportant des miliciens en uniforme, dans le quartier de Wad Noubaoui. L'un arborait un fusil, mais la plupart semblaient n'avoir que des bâtons.

Des véhicules de la police antiémeutes étaient prêts à intervenir derrière le plus onéreux hôpital de la ville dans le quartier Bourri, tandis qu'une centaine de personnes se rassemblaient devant le domicile de Salah Sanhouri, un pharmacien de 28 ans tué lors de manifestations la semaine dernière.