Un expert des droits de l'homme mandaté par l'ONU a condamné jeudi la répression des manifestations au Soudan, considérant que les droits les plus fondamentaux risquaient d'être mis en cause dans ce pays.

«Les civils ont le droit de se réunir et de manifester pacifiquement d'après le droit international et le gouvernement du Soudan a l'obligation de respecter ces droits en vertu de sa Constitution et du droit international», a souligné dans un communiqué cet expert, le Nigérian Mashood Adebayo Baderin.

«Je condamne fermement le recours à la violence contre des manifestants pacifiques et la destruction de biens publics pendant les manifestations. J'appelle à la fois le gouvernement et les manifestants à complètement s'abstenir de recourir à la violence», a ajouté M. Baderin, un expert indépendant chargé par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU de suivre la situation au Soudan.

M. Baderin a en outre appelé à «une enquête rapide, exhaustive et impartiale» sur les derniers événements dans ce pays.

Le procès d'un groupe de 35 personnes accusées de violences liées à la contestation provoquée par la hausse des prix des carburants au Soudan s'est ouvert jeudi à Khartoum.

Ces accusés font partie des centaines de personnes arrêtées depuis le 23 septembre dans le cadre de ce qu'Amnesty international a qualifié de «répression du désaccord».

Le gouvernement soudanais a fait état de l'arrestation de 700 «criminels» après les manifestations, dont certaines ont dégénéré en pillages, dénonçant l'arrêt de subventions sur les carburants qui a fait bondir leurs prix de 60%.

Mais, selon Amnesty International, il y a apparemment beaucoup plus d'arrestations.

Cette organisation dont le siège est à Londres a aussi estimé que plus de 200 personnes avaient été tuées en marge des manifestations.

Les autorités ont pour leur part fait état de 34 morts, en expliquant avoir dû intervenir quand des stations-services ou des postes de police ont été attaqués.

L'intensité des manifestations a diminué cette semaine, avec des rassemblements ponctuels non violents.