Les violences meurtrières contre des manifestants pacifiques ne sont «pas nécessaires», a estimé lundi un haut responsable du parti présidentiel soudanais après une semaine de contestation dont la répression a fait au moins 33 morts.

«Le fait que tant de personnes aient été tuées montre le degré de violence utilisé», a affirmé sous le couvert de l'anonymat ce cadre du Parti du congrès national (PCN), la formation du président Omar el-Béchir.

«Je pense qu'il n'était pas nécessaire de réprimer les manifestants pacifiques. La manifestation pacifique est un droit constitutionnel», a-t-il ajouté.

Ses propos soulignent les divisions au sein du parti au pouvoir après qu'au moins 33 personnes, pour la plupart des civils tués par la police selon des témoins, ont péri lors des protestations déclenchées le 23 septembre par une baisse de subvention ayant fait bondir le prix des carburants de plus de 60 %.

Des organisations de défense des droits de l'homme ont évoqué un bilan dépassant les 50 morts pour les seules journées des 24 et 25 septembre, tandis qu'un diplomate étranger a affirmé à l'AFP que ce bilan pouvait «s'approcher des 200» morts.

Pour le responsable du PCN, le dialogue est préférable à la confrontation armée «pour éviter de subir le sort de l'ancien gouvernement égyptien de (Mohamed) Morsi ou même de (Hosni) Moubarak», les deux derniers présidents égyptiens chassés du pouvoir après des mouvements populaires.

Dimanche soir, un millier de personnes ont défilé dans les rues de Khartoum en réclamant la chute du gouvernement, ont affirmé des témoins.

Le rassemblement a démarré dans le quartier aisé de Mansheeya, d'où était originaire Salah Mudathir, un pharmacien de 28 ans tué dans une manifestation vendredi. «Liberté! Liberté!» et «Combien de Salah pour une prise de conscience», ont scandé les manifestants.

À Omdourman, la ville jumelle de Karthoum, des militants ont signalé une manifestation dans l'université pour femmes Ahfad.

La police soudanaise a tiré du gaz lacrymogène contre des manifestantes qui protestaient contre la hausse des prix des carburants à l'université.

De 150 à 200 personnes manifestaient «contre le gouvernement et des choses comme ça», a dit Gassim Badri qui dirige l'établissement, à l'AFP.

La police n'a pas pénétré sur le campus, mais a tiré du gaz lacrymogène depuis l'extérieur, a-t-il ajouté, et personne n'a été blessé.

Des photos venues d'ailleurs



Les photos diffusées sur l'internet montrant des manifestants abattus par la police au Soudan la semaine dernière viennent d'un autre pays, a affirmé lundi le ministre soudanais de l'Intérieur.



«La plupart des photos diffusées sur les médias sociaux viennent d'Égypte», a déclaré Ibrahim Mahmoud Hamed lors d'une conférence de presse.

Des vidéos et des photos affirmant montrer des victimes de la répression ont circulé sur des réseaux sociaux, dont YouTube et Facebook.

En Égypte, plus d'un millier de personnes ont été tuées depuis la destitution du président islamiste Mohammed Morsi par l'armée le 3 juillet, principalement parmi ses partisans, lors de manifestations réclamant son retour.