Au moins 87 personnes ont été tuées dans une attaque mardi soir menée par des membres du groupe islamiste armé Boko Haram portant des uniformes militaires, dans une ville du nord-est du Nigeria, a annoncé un responsable gouvernemental jeudi.

«Quatre-vingt-sept corps ont été retrouvés dans la brousse et nos hommes sont à toujours à la recherche de nouveaux corps», a déclaré le responsable nigérian, Saidu Yakubu s'exprimant alors qu'il accompagnait le gouverneur de Borno, Kashim Shettima, sur les lieux du crime.

Les insurgés islamistes ont également incendié de nombreuses habitations et immeubles. Ils ont mis en place des barrages et tiré sur des automobilistes qui tentaient de s'enfuir, selon des témoins.

Les premières informations sur cette attaque à Borno, ville qui a déjà été la cible de Boko Haram, ne sont parvenues que mercredi.

Le réseau de téléphonie mobile à Borno est hors service depuis la mi-mai, lorsque le Nigeria a imposé l'état d'urgence dans la plus grande partie du Nord-Est dans le cadre d'une grande offensive destinée à mettre fin aux attaques menées par Boko Haram.

Cette mesure était destinée, selon l'armée, à empêcher les islamistes de mener des attaques coordonnées, mais elle a également privé les civils de la possibilité de donner l'alerte.

Les insurgés, venus à bord d'une vingtaine de camions, étaient munis d'armes antiaériennes, a indiqué une source des services de sécurité en poste dans la ville, qui a requis l'anonymat.

Mallam Isa Manu, un automobiliste qui a réussi à s'enfuir, a déclaré à la presse mercredi à Maiduguri, capitale de l'État de Borno, que les islamistes portaient des «uniformes militaires», une tactique déjà utilisée par les membres de Boko Haram.

Selon le général Mohammed Yusuf, les soldats se sont retrouvés à court de munitions en combattant les assaillants.

Les raisons de cette offensive n'étaient pas claires, mais les membres de Boko Haram ont souvent mené des attaques contre les habitants qui ont créé des groupes de vigilance pour aider les militaires.

Selon des habitants, les assaillants s'en sont pris aux personnes de la ville, laissant celles originaires d'autres régions franchir les barrages.

L'insurrection menée par Boko Haram a fait au moins 3600 morts depuis 2009, y compris les insurgés tués par les forces de sécurité. Boko Haram a attaqué dans le nord et le centre du Nigeria des églises, des journaux, l'armée, la police et l'immeuble de l'ONU à Abuja.

Au cours des dernières semaines, des civils vivant dans des régions reculées ont été les victimes des attaques des insurgés.