Deux personnes ont été tuées par les explosions de deux grenades jetées vendredi soir sur un marché de Kigali, une attaque menée à l'approche des législatives et attribuée par les autorités rwandaises à des opposants en exil alliés à des rebelles.

Vendredi soir, l'explosion d'une grenade jetée par des inconnus avait fait un mort et 14 blessés devant le marché couvert de Kicukiro-central. Samedi, une deuxième grenade lancée qui, sans exploser, n'avait pas été détectée,  a à son tour explosé, tuant une personne et en blessant huit.

«Deux grenades avaient été lancées» vendredi soir mais une seule avait explosé, a expliqué samedi le porte-parole de la police de Kigali, Damas Gatare, une autre «était «restée coincée dans le toit sans être repérée (...) c'est cette seconde grenade qui a explosé» samedi.

«Il s'agit de la même attaque», a-t-il insisté. «Une personne est morte (...) et huit souffrant de blessures légères ont été emmenées à l'hôpital», a-t-il précisé.

L'attaque n'a pas été revendiquée.

Samedi soir, la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo a mis en cause des opposants en exil au gouvernement du président Paul Kagame, alliés aux rebelles des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), basés dans l'est de la RDC, frontalier du Rwanda.

«Nous avons déjà dit que nous connaissions les réseaux derrières ces attaques. Nous savons que des dissidents en Afrique du Sud ont tissé des liens avec les FDLR dans l'est de la RDC afin de tenter de déstabiliser la sécurité», a-t-elle affirmé dans un message adressé à l'AFP.

«Nous sommes déterminés à travailler avec la communauté internationale pour ramener la paix et la sécurité dans la région. Mais nous ne permettrons pas ces réseaux de mener des attaques au Rwanda en toute impunité», a-t-elle ajouté.

Plusieurs anciens proches du président Kagame - dont l'ancien chef d'état-major Faustin Kayumba Nyamwasa - ayant fait défection sont réfugiés en Afrique du Sud.

Kigali accuse les FLDR d'être formées d'anciens responsables du génocide de 1994 au Rwanda et de combattre aux côtés de l'armée congolaise dans l'est de la RDC. Bien qu'il démente, le Rwanda est lui-même accusé par l'ONU de soutenir militairement les rebelles congolais du M23 qui combattent les forces de Kinshasa dans l'est de la RDC.

Une série d'attaques à la grenade avaient également visé la capitale rwandaise en 2010 à l'approche de la présidentielle, faisant au total quatre morts et une cinquantaine de blessés.

Plus récemment des attaques similaires avaient eu lieu, en mars et juillet à Kigali et sa banlieue, faisant quatre morts.

Les Rwandais sont appelés aux urnes lundi pour élire leurs députés. Le scrutin promet d'ores et déjà de conforter l'hégémonie du tout-puissant Front patriotique rwandais (FPR) du président Kagame.

Les bureaux de vote des législatives ouvrent lundi à 7 h (1 h à Montréal) et la campagne électorale doit prendre fin 24 heures avant.

Les différents partis en lice ont tenu leurs dernières réunions samedi, notamment dans la capitale. Une réunion du petit PS-Imberakuri était notamment organisée dans le quartier de Kicukiro, où a eu lieu l'attaque.

Outre la puissante coalition menée par le Front patriotique rwandais (FPR), au pouvoir depuis 1994, trois partis et une poignée de candidats indépendants briguent les suffrages de près de six millions d'électeurs.

Le scrutin devrait sans surprise conforter l'hégémonie du FPR et de ses alliés à la Chambre des députés, faute de la présence d'opposants plus virulents qui ne sont pas reconnus par le pouvoir.