Un double attentat revendiqué par les islamistes shebab a dévasté samedi un stationnement proche d'un restaurant de Mogadiscio, capitale de la Somalie, faisant au moins dix-huit morts, quelques jours après une embuscade des insurgés contre le convoi du chef de l'État.

«Il y a eu deux fortes explosions sur un stationnement près du Théâtre national» et d'un restaurant, a déclaré un policier, Mohamed Adan, à l'AFP.

«Dix-huit personnes au moins ont été tuées», a ajouté peu après un autre policier, Mohamed Dahir, doublant le bilan initial de l'attaque, alors qu'un journaliste de l'AFP dénombrait douze corps sur place.

Les shebab, qui poursuivent des actions violentes dans la capitale somalienne après en avoir été chassés il y a deux ans par les forces gouvernementales et le contingent de 17 000 hommes de l'Union africaine, ont rapidement revendiqué les explosions.

«Des opérations réussies ont été menées dans le quartier de Hamarweyne à Mogadiscio», selon un message diffusé sur le compte Twitter en langue somali du groupe lié à Al-Qaïda.

Leur compte en anglais a été suspendu par Twitter vendredi, quelques jours après qu'ils y eurent revendiqué l'attaque mardi du convoi du président somalien Hassan Cheikh Mohamoud près de Merka, une ville située à une centaine de kilomètres au sud de Mogadiscio.

Les insurgés affirment avoir tué «de hauts responsables» dans l'attentat de samedi. Mais des témoins ont déclaré que les victimes semblaient être plutôt des gens ordinaires.

«Les terroristes prétendent régulièrement viser le gouvernement somalien, mais cette attaque prouve qu'ils n'éprouvent de sympathie pour personne, ils tuent des civils innocents dans les restaurants», a réagi le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud lors d'une conférence de presse.

Selon des policiers et des témoins, la première déflagration a été provoquée par une voiture chargée d'explosifs stationnée près d'un restaurant, The Village, proche du théâtre.

«J'ai vu des lambeaux de chair voler», a rapporté un témoin, Idris Yusuf, qui se trouvait dans le restaurant au moment de l'attentat et souffre de blessures légères aux jambes.

Des bâtiments proches ont été détruits, a-t-il ajouté, et des gens sont venus porter secours aux victimes.

Quelques minutes plus tard, «un kamikaze s'est fait exploser dans une foule de gens qui se précipitaient vers le lieu de la première explosion», a dit un responsable gouvernemental de la sécurité, Ahmed Weli Said.

L'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies en Somalie, Nicholas Kay, s'est dit «horrifié» par «cet acte de sauvagerie».

Le Théâtre national de Mogadiscio a rouvert en 2012 après avoir été fermé pendant une vingtaine d'années dans ce pays plongé dans le chaos.

Quelques semaines après la réouverture, il a été la cible des shebab, un kamikaze y tuant deux responsables sportifs somaliens.

Un processus de reconstruction d'un État central a été entamé en Somalie avec l'élection en septembre 2012 du président Hassan Cheikh Mohamoud et a été renforcé par les revers infligés aux islamistes, qui ont perdu depuis août 2011 l'ensemble de leurs bastions du sud et du centre du pays.

Mais ils contrôlent encore de vastes zones rurales et continuent de représenter une menace sérieuse pour le gouvernement central, qui peine à asseoir son autorité au-delà de Mogadiscio et de sa périphérie.

Moins de 48 heures après son élection, le président Hassan Cheikh Mohamoud avait échappé à un attentat suicide revendiqué par les shebab contre l'hôtel où il résidait dans la capitale.

Et pour son premier anniversaire au pouvoir, il était de nouveau visé par une embuscade tendue par les combattants islamistes contre son convoi près de Merka le 3 septembre.

Deux mois plus tôt, en juin, les shebab avaient aussi lancé une spectaculaire attaque de commando contre un complexe fortifié de l'ONU en plein centre de Mogadiscio, faisant onze morts.