Les rebelles retranchés dans les collines surplombant Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo, ont déclaré vendredi un cessez-le-feu unilatéral et ont commencé à battre en retraite.

Il s'agit de la première indication que la nouvelle brigade d'intervention de l'ONU et l'armée congolaise, qui mènent une opération conjointe, sont en voie de reprendre l'avantage dans le conflit.

Les rebelles du M23 ont indiqué avoir commencé leur retrait du village de Kanyaruchinya, qui se trouvait au centre des combats faisant rage depuis le 21 août. Sur Twitter, ils ont dit agir de la sorte afin de permettre aux inspecteurs de l'ONU d'enquêter sur le bombardement de localités voisines.

Joint par téléphone, le président du M23, Bertrand Bisimwa, a indiqué qu'au-delà de l'enquête, son groupe déclarait une trêve afin de «donner une chance à la paix».

«Cette annonce, faite de façon unilatérale, vise à permettre aux Congolais de revenir à la table de négociation», a-t-il déclaré à l'Associated Press.

Cette déclaration signale un important changement de ton pour les rebelles du M23. Pas plus tard que mercredi, M. Bisimwa maintenait que les rebelles avaient l'avantage et que les troupes onusiennes et congolaises avaient dû battre en retraite.

Le porte-parole de l'armée congolaise, le colonel Olivier Hamuli, a déclaré vendredi soir qu'en plus de Kanyaruchinya, les forces conjointes avaient expulsé les rebelles de Kibati, et que les combats se poursuivaient à Kibumba, à environ 30 kilomètres de Goma.

«Ils ont annoncé leur cessez-le-feu lorsqu'ils ont réalisé qu'ils perdaient sur le terrain. Je reviens à peine du front et ils ont subi de lourdes pertes. Ils ont abandonné un dépôt d'armes contenant des armes lourdes», a dit le colonel. «Ils ont même abandonné un véhicule militaire, ce qui prouve qu'ils laissent tomber, puisque s'ils ne faisaient que battre en retraite, ils devraient prendre leurs armes avec eux.»

Créé en 2012, le M23 a réussi à prendre brièvement Goma l'an dernier. Cela a poussé les Nations unies à créer une brigade d'intervention spéciale qui, aux côtés des troupes congolaises, frappe les positions rebelles depuis une semaine, utilisant des hélicoptères de combat, de l'artillerie et des véhicules blindés de transport de troupes. La retraite des rebelles porte à croire que cette offensive pourrait avoir permis de franchir un cap.

Dans la capitale congolaise, Kinshasa, le porte-parole gouvernemental Lambert Mende a estimé que l'appel à un cessez-le-feu n'allait pas assez loin.

«Selon nous, la seule proposition intéressante serait la démobilisation du M23, et donc leur dissolution et la fin de toute action militaire. Toute autre proposition est inacceptable», a déclaré le ministre de l'Information.

Les combats, qui ont débuté mercredi de la semaine dernière, ont jusqu'à maintenant coûté la vie à un soldat onusien, ainsi qu'à au moins 10 soldats congolais et à 14 civils, tués par des tirs d'artillerie d'un côté ou de l'autre de la frontière entre la RDC et le Rwanda.

Jeudi, des responsables rwandais ont confirmé la mort d'une femme dans le district frontalier de Rubavu, après qu'une roquette tirée du Congo eut explosé dans le pays voisin.

D'autres responsables rwandais, en colère, ont affirmé que cette roquette avait été tirée sciemment par les troupes congolaises afin d'entraîner le Rwanda dans le conflit, une affirmation considérée comme profondément cynique par certains, en raison des preuves de plus en plus nombreuses indiquant que les rebelles du M23 sont en fait une force paramilitaire rwandaise.

Un récent rapport d'un groupe d'experts de l'ONU décrit de quelle façon les soldats rwandais franchissent discrètement la frontière boisée en groupes comptant jusqu'à 30 hommes pour rejoindre le M23. De précédents rapports onusiens décrivaient le soutien logistique du Rwanda aux rebelles, incluant des lunettes de vision nocturne.

Vendredi, des résidents de la capitale rwandaise, Kigali, se sont massés le long des rues pour observer un convoi militaire comprenant des troupes, des chars et des camions chargés de pièces d'artillerie se diriger vers la frontière avec la RDC.

Le convoi s'est ébranlé au milieu de la journée, après que la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, eut déclaré que son pays défendrait ses frontières après les tirs de roquettes tombés sur son territoire, qui ont tué mère et blessé grièvement son enfant de deux mois.

Les troupes rwandaises pourraient se diriger vers Gisenyi, à 151 kilomètres à l'ouest de Kigali, non loin de la ville congolaise de Goma.