L'armée nigériane a annoncé vendredi que des membres présumés du groupe islamiste Boko Haram, déguisés en soldats, avaient tué 35 personnes dans un village du Nord-Est en tirant sur des fidèles à la sortie d'une mosquée.

«Les membres de Boko Haram ont attaqué les villageois car ils leur reprochaient de ne pas vouloir coopérer avec eux», a affirmé à l'AFP le porte-parole de l'armée, le général Chris Olukolade.  «Trente-cinq personnes ont été tuées et 14 blessées».

L'attaque dans le village de Dumba, dans l'État de Borno, a eu lieu lundi, mais elle n'a été rendue publique que vendredi en raison de l'isolement géographique du village et de la coupure des télécommunications par l'armée nigériane qui mène dans la région une offensive contre Boko Haram depuis la mi-mai.

Selon une autre source militaire, qui a demandé à garder l'anonymat, des membres de  Boko Haram déguisés en soldats ont pénétré dans le village tôt lundi matin et ont pris position à des carrefours d'où ils ont tiré sur des fidèles qui quittaient une mosquée après les prières du matin.

Cette attaque serait une opération de représailles du groupe islamiste après l'arrestation de plusieurs de ses membres à l'issue d'un raid mené dans le village par des soldats et des membres d'un groupe d'autodéfense la semaine dernière, selon la même source.

Les 10 et 11 août derniers, des insurgés soupçonnés d'être des membres de Boko Haram avaient tué 44 personnes dans une mosquée à Konduga (État de Borno) et 12 lors d'une attaque contre un village situé à proximité .

Selon un responsable du gouvernement ayant requis l'anonymat, ces attaques étaient peut-être des actions de représailles en riposte aux groupes de vigilance mis en place par des citoyens pour aider l'armée à combattre les islamistes de Boko Haram, dont l'insurrection dure depuis 2009.

Dans la nuit de mardi à mercredi, des militants islamistes déguisés en soldats avaient tué quatre habitants d'une ville du Nord-Est, apparemment en représailles à de récentes arrestations de membres de Boko Haram, selon des habitants de cette localité, Gamboru Ngala, située près de la frontière avec le Cameroun.

La localisation des récentes attaques suggère que les insurgés islamistes sont désormais dispersés dans des zones plus reculées du Nord-Est. Dumba est proche du lac Tchad et de la ville de Baga où  l'armée est accusée d'avoir commis de graves exactions en avril.

Le 16 avril, 187 personnes selon la Croix Rouge, 228 selon un sénateur nigérian, dont de nombreux civils, avaient trouvé la mort dans des combats entre l'armée et des membres présumés de Boko Haram à Baga, sur les les rives du lac Tchad.

L'armée avait fait état de 37 morts, 30 islamistes, six civils et un soldat. Elle avait nié avoir mis le feu à des quartiers, déclarant que les incendies avaient été causés par les islamistes.

Les violences de Boko Haram et leur répression souvent brutale ont fait 3600 morts depuis 2009 selon l'ONG Human Rights Watch.

Le groupe rejette tout dialogue avec le gouvernement et affirme combattre pour la création d'un État islamique dans le nord du Nigeria.

Pays le plus peuplé d'Afrique avec 160 millions d'habitants, le Nigeria est partagé à égalité entre chrétiens, majoritaires dans le Sud, et musulmans, majoritaires dans le Nord.