Le leader de l'opposition zimbabwéenne Morgan Tsvangirai n'assistera pas à l'investiture de son rival le président Robert Mugabe qui doit entamer un sixième mandat après sa victoire aux élections contestées du 31 juillet, a indiqué son porte-parole mercredi.

«Vouloir que Tsvangirai assiste à l'investiture, c'est comme vouloir que la victime d'un vol assiste à une fête organisée par le voleur», a expliqué à l'AFP Luke Tamborinyoka, porte-parole de M. Tsvangirai. «Il ne peut pas assister à la fête d'un voleur!»

Robert Mugabe doit être investi en grande pompe jeudi dans un stade de 60 000 places dans la banlieue d'Harare. Plus de 40 chefs d'État étrangers ont été invités, selon la télévision publique, et la journée a été déclarée fériée au Zimbabwe.

M. Mugabe, qui à 89 ans est au pouvoir sans discontinuer depuis trente-trois ans, a été réélu au premier tour de la présidentielle avec 61 % des voix, contre 34 % à Morgan Tsvangirai.

Mais l'opposition et des observateurs indépendants n'ont eu de cesse de dénoncer des fraudes massives. Si les pays occidentaux ont condamné un scrutin entaché selon eux de malversations, les pays africains n'ont rien trouvé à redire, et la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) a même désigné M. Mugabe à sa tête pour l'année 2014-15.

Le MDC de Morgan Tsvangirai explique notamment que des centaines de milliers d'électeurs des villes - les zones qui lui sont les plus favorables - ont été systématiquement exclus des listes électorales, lesquelles n'ont été rendues publiques qu'au dernier moment, ce qui a empêché toute vérification sérieuse (et a fortiori toute contestation).

Il a aussi observé que des dizaines de milliers de personnes ont été «aidées» à voter par des agents électoraux proches du président.

Le MDC avait déposé un recours devant la Cour constitutionnelle du Zimbabwe pour demander l'annulation du scrutin, mais il l'a ensuite retiré, n'ayant notamment pas obtenu de la Commission électorale d'importants documents qui lui auraient permis d'étayer sa plainte et de prouver les fraudes.

La Cour constitutionnelle a néanmoins jugé mardi les élections «libres, honnêtes et crédibles» et un juge a demandé que les avocats du parti de M. Tsvangirai soient poursuivis pour avoir affirmé que la justice du pays n'était pas indépendante.