Des voix ont réclamé mardi au Nigeria des preuves irréfutables du décès du chef du groupe islamiste Boko Haram, Abubakar Shekau, qui «serait mort» dans un affrontement avec des soldats, selon un porte-parole de l'armée nigériane.

Un porte-parole de la force spéciale opérant dans le nord-est du pays contre Boko Haram, le lieutenant-colonel Sagir Musa, avait annoncé lundi que Shekau, déclaré «terroriste international» par les États-Unis, «serait mort» des suites d'une blessure par balle lors d'échanges de tirs avec des militaires le 30 juin.

«Il est très probable que Shekau soit mort entre le 25 juillet et le 3 août», avait-il ajouté dans un communiqué.

Mais le porte-parole national de l'armée, le général Chris Olukolade, avait précisé lundi à l'AFP que les forces de sécurité cherchaient encore à confirmer de manière définitive la mort de Shekau.

Une division militaire nouvellement créée a pris le relais de la force spéciale pour lutter contre l'insurrection menée depuis quatre ans par Boko Haram.

Contacté mardi, le porte-parole de la force spéciale Sagir Musa s'est refusé à tout commentaire, affirmant avoir quitté Maiduguri (nord-est), le berceau de Boko Haram où était basée la force.

Abubakar Shekau, qui serait âgé de 44 ans, avait déjà été donné pour mort par la police en 2009 lors d'une précédente offensive d'ampleur des forces de sécurité nigérianes contre Boko Haram, qui avait abouti à la mort de son chef d'alors, Mohammed Yousouf, capturé et tué. Mais Shekau était réapparu plus tard dans une vidéo, ayant pris la tête de la rébellion.

Les États-Unis ont offert en mars une prime de 7 millions de dollars (5,3 millions d'euros) sur sa tête.

A Washington, le département d'État a déclaré «travailler à certifier les faits».

«Si sa mort est avérée, la disparition d'une personnalité aussi connue et incontournable serait un coup porté aux opérations de Boko Haram et aux tentatives de rallier des extrémistes violents au Nigeria et ailleurs dans le monde», a déclaré la porte-parole adjointe du ministère, Marie Harf. Elle a promis que les États-Unis continueraient de soutenir le Nigeria dans sa lutte «antiterroriste» dans le Nord.

Shekau a souvent diffusé des messages vidéo à partir d'endroits qui n'ont pas été localisés.

Dans une vidéo transmise à l'AFP le 12 août, Shekau revendiquait de récentes attaques meurtrières contre les forces de sécurité dans le nord-est du pays et affirmait être «en bonne santé». «Vous n'avez pas tué Shekau», lançait-il à l'adresse des forces armées. Mais la date d'enregistrement de ce film n'était pas précisée.

Selon l'armée cette vidéo était un «faux».

Les violences de Boko Haram et leur répression souvent brutale ont fait 3600 morts depuis 2009 selon l'ONG Human Rights Watch.

L'armée nigériane mène depuis mai une vaste offensive contre Boko Haram dans ses fiefs du Nord-Est où l'état d'urgence a été déclaré. Le groupe islamiste a néanmoins multiplié les attaques meurtrières, ciblant aussi bien les forces de sécurité que la population.

Le groupe rejette tout dialogue avec le gouvernement et affirme combattre pour la création d'un État islamique dans le nord du Nigeria.