Le Mali aura à nouveau un président élu à compter de demain. Après le coup d'État de mars 2012, ce sera le retour à la démocratie pour ce pays africain naguère réputé pour sa stabilité. Mais le nouveau chef de l'État aura fort à faire avec une rébellion islamiste qui gronde au nord et une population de 16 millions d'habitants parmi les plus pauvres de la planète à satisfaire. Quatre mots pour comprendre les élections maliennes.

Putsch

En mars 2012, le président Amadou Toumani Touré est renversé par des militaires menés par le capitaine Amadou Sanogo. Officiellement, les soldats sont insatisfaits de la façon dont est gérée la crise qui sévit dans le nord du pays. Mais la situation est en réalité plus complexe dans une région où le trafic de drogue et le terrorisme islamiste prennent de l'ampleur. Un gouvernement intérimaire est formé avec à sa tête le président de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré. Son mandat est d'organiser des élections pour choisir un nouveau président.

France

Après le coup d'État, en mars 2012, des rebelles djihadistes ont pris le contrôle du nord du pays, commettant plusieurs exactions avant d'être chassés par des troupes françaises. La France souhaite maintenant diminuer ses effectifs et ainsi rapatrier 2200 des 3200 soldats toujours sur place après l'élection présidentielle. Mais la présence de Casques bleus sur le terrain restera importante puisqu'on prévoit que 12 000 soldats seront au Mali d'ici la fin de l'année. En plus d'offrir un soutien militaire, la communauté internationale s'est engagée à verser 4,5 milliards de dollars pour aider le Mali.

Keïta

Deux candidats vont s'affronter demain, au deuxième tour, après un premier tour qui a connu un taux de participation record le 28 juillet. L'ancien premier ministre Ibrahim Boubacar Kaïta (39,7%) a devancé largement son principal adversaire Soumaïla Cissé (19,7%). Si IBK, comme on l'appelle au Mali, est toujours le favori, plusieurs adversaires éliminés au premier tour rêvent d'empêcher son élection en votant pour Cissé. «Ce qu'on connaît de IBK laisse croire qu'il est ouvert aux islamistes modérés, signale Bruno Charbonneau, directeur de l'Observatoire sur les missions de paix à la Chaire Raoul-Dandurand. Il pourrait peut-être rouvrir le débat sur le rôle de la religion au Mali. Il a d'ailleurs reçu le soutien de plusieurs hommes religieux.» Au Mali, 90% de la population est musulmane.

Nord

Le nouveau président devra trouver un terrain d'entente avec les rebelles touaregs dans le nord du pays. Les négociations devront être entreprises dans les 60 jours suivant son élection. Si les rebelles les plus radicaux parlent toujours d'obtenir l'indépendance pour l'Azawad, territoire situé au nord du Mali, d'autres pourraient se contenter d'une autonomie politique accrue. Mais le défi du président sera de jeter du lest sans permettre aux islamistes radicaux de s'enraciner au Mali. Et aussi de répondre aux besoins d'une population parmi les des plus pauvres de la planète, avec un revenu moyen de 1100$ US par année.