Le président zimbabwéen Robert Mugabe a accusé jeudi les États-Unis de «mettre leur nez rose» dans l'élection de la fin du mois à laquelle il se présente à 89 ans après plus de 30 ans au pouvoir.

Les États-Unis n'ont pas à «mettre leur nez rose» dans les affaires du Zimbabwe, a-t-il dit en réponse à de récentes critiques du président Barack Obama sur le processus électoral.

«En Amérique, on dit que le Zimbabwe va faire des élections trop tôt, car les réformes importantes demandées par le MDC (Mouvement pour un changement démocratique, du premier ministre Morgan Tsvangirai) ne sont pas encore en place», a-t-il lancé lors d'une réunion électorale à Chinhoyi, dans le nord.

«Suggérer que nos élections ne doivent pas avoir lieu après l'expiration du mandat du parlement, parce qu'un parti réclame des réformes de nos forces de sécurité, c'est un argument dément», a-t-il dit.

«L'Amérique doit être folle, absolument démente», a répété M. Mugabe tout en renvoyant les Américains à leur passé esclavagiste.

Après 33 ans de pouvoir, le président Mugabe s'est relancé à 89 ans dans une campagne électorale pour briguer un nouveau mandat à la présidentielle du 31 juillet où il affronte son premier ministre. Des élections législatives ont lieu en même temps.

Il répondait au président américain Barack Obama qui a appelé samedi le Zimbabwe à mettre un terme au harcèlement de l'opposition et à adopter des réformes pour assurer que les prochaines élections générales soient «libres et crédibles».

Son rival historique Morgan Tsvangirai, qui partage le pouvoir avec lui depuis quatre ans au sein d'une coalition bancale, a souhaité que le scrutin soit reporté.

M. Mugabe affirme que le Zimbabwe doit déterminer seul son avenir et que les Américains n'ont pas de leçon de morale à lui donner.

«Notre nation est fondée sur des principes fermes et ces principes ne viennent pas des États-Unis», a-t-il assuré.

«Et quelle leçon peut nous donner l'Amérique qui a pratiqué l'esclavage et qui emprisonne actuellement les Noirs? Vos prisons sont toujours remplies de Noirs. Où est votre démocratie? Votre pays est encore plein de racisme», a-t-il dit.

Il a rappelé sa décision d'interdire la présence lors du scrutin d'observateurs américains et européens.

«Nous n'avons invité que des amis bien intentionnés. Ceux qui ont de mauvaises intentions ne seront jamais invités. Et les États-Unis ne seront jamais invités aussi longtemps que les sanctions demeureront un fardeau pour notre pays», a-t-il martelé.

Le Zimbabwe a autorisé la présence d'observateurs de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) et de l'Union africaine.