Un homme recherché pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité au Darfour par la Cour pénale internationale (CPI) a survécu dimanche à une tentative d'assassinat à Nyala, principale ville du Darfour, théâtre de violences et de pillages, a rapporté la radio officielle.

«Ali Kosheib a échappé à un assassinat, mais son garde et son chauffeur ont été tués à Nyala», a affirmé la radio Omdurman dans un bref texte envoyé par SMS, citant le chef de la police du Darfour-Sud, sans donner son nom.

La CPI, basée à La Haye, a lancé un mandat d'arrêt contre M. Kosheib en 2007 pour «crimes contre l'Humanité et crimes de guerre» commis au cours de la guerre civile au Darfour, déclenchée en 2003.

La CPI a également émis un mandat d'arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir pour les mêmes chefs d'accusation.

Selon la CPI, M. Kosheib recrutait, armait et finançait la redoutée milice pro-gouvernementale Janjawid et a mené différentes attaques contre des civils soupçonnés de soutenir les rebelles.

Les rebelles des tribus noires du Darfour se sont soulevés en 2003 contre le gouvernement de Khartoum dominé par les Arabes. Depuis, la région est secouée par des violences qui ont fait plus de 300 000 morts en dix ans selon l'ONU, 10 000 selon Khartoum.

Début juin, la procureure de la CPI Fatou Bensouda a affirmé, en citant des témoins, que M. Kosheib avait participé à une attaque menée par les forces gouvernementales dans le centre du Darfour en avril.

Plus de 100 civils ont été tués lors de cette attaque et quelque 30 000 autres ont dû fuir vers le Tchad voisin alors que les assaillants «tiraient à l'aveuglette, brûlaient des maisons et des boutiques, volaient le bétail et pillaient des biens», a insisté la procureure.

La tentative d'assassinat contre M. Kosheib s'est produite à Nyala, théâtre depuis mercredi soir de combats urbains épisodiques, liés à des «différends» entre membres de forces de sécurité selon des responsables.

Les heurts ont été déclenchés par la mort d'un célèbre bandit local - également membre d'une unité de police paramilitaire du Darfour-Ouest, connue sous le nom de «Réserve centrale» - devant le bureau des services de la sécurité nationale où il avait été convoqué.

Certains membres darfouris de la Réserve centrale appartenaient auparavant à la milice Janjawid.

Dimanche, des hommes armés ont attaqué des boutiques, et des explosions et échanges de tirs étaient entendus, a indiqué un habitant à l'AFP.

Jeudi, un travailleur humanitaire de l'ONG World Vision avait été tué dans les affrontements et un deuxième a succombé à ses blessures samedi midi, selon une source humanitaire s'exprimant sous couvert de l'anonymat.

Ali Al-Zaatari, le coordinateur de l'ONU pour le Soudan, a confirmé dans un communiqué la mort de «deux travailleurs humanitaires soudanais de l'ONG World Vision International». «Un troisième membre de l'ONG World Vision se trouve dans un état critique», a-t-il ajouté.

Le bureau de l'ONG s'est retrouvé pris jeudi sous les tirs croisés des combattants. Une roquette a touché le haut du bâtiment de World Vision avant «d'exploser au sol», a indiqué la source humanitaire.

En raison de cette attaque, la distribution de l'aide alimentaire pour quelque 400 000 personnes sera perturbée, selon le Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM).

Les écoliers, femmes enceintes et mères d'enfants en bas âge figurent parmi les bénéficiaires d'aide alimentaire distribuée par l'ONG World Vision.

Ces incidents ajoutent au regain de tensions que connaît le Darfour depuis début 2013 et qui a déjà poussé 300 000 personnes à fuir les combats dans cette région de l'ouest du Soudan, selon des chiffres de l'ONU.