Barack Obama est arrivé lundi à Dar es-Salaam, capitale économique de la Tanzanie, troisième et dernière étape, après le Sénégal et l'Afrique du Sud, de sa première grande tournée africaine en tant que président des États-Unis.

Accueilli à l'aéroport par son homologue tanzanien Jakaya Kikwete, M. Obama a été salué par 21 coups de canon, au son d'une fanfare militaire jouant notamment les hymnes américain et tanzanien, et par les chants et rythmes de danseurs traditionnels.

Il a ensuite quitté l'aéroport pour le palais présidentiel pour des entretiens avec M. Kikwete.

Au cours de cette visite d'un peu moins de 24 heures, M. Obama visitera notamment la centrale électrique d'Ubungo, près de la capitale économique.

Accompagné de son prédécesseur George W. Bush, dont l'épouse préside à Dar es-Salaam un Forum des Premières dames à laquelle participera Michelle Obama, le président américain déposera également une gerbe au mémorial érigé à la mémoire des victimes de l'attentat contre l'ambassade américaine en Tanzanie, le 7 août 1998 qui avait tué 11 passants et en avait blessé 70.

Quasi simultanément un camion piégé avait explosé dans l'ambassade américaine à Nairobi, faisant 213 morts et plus de 5.000 blessés.

Ce n'est que la seconde fois depuis qu'il est devenu, en 2008, le premier président afro-américain de l'histoire des États-Unis, que M. Obama se rend en Afrique subsaharienne et il s'agit de sa première grande tournée sur un continent dont la population avait placé de nombreux espoirs en son arrivée au pouvoir.

Après le Sénégal pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique du Sud pour l'Afrique australe, la Tanzanie a été préférée au Kenya, pays du père de M. Obama, pour être l'étape est-africaine.

La Tanzanie confirme ainsi son poids croissant en Afrique de l'Est, profitant d'une économie dynamique et de la position diplomatique délicate du Kenya, depuis que le pays a élu à sa tête en mars un président - Uhuru Kenyatta - et un vice-président William Ruto, poursuivis par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l'humanité.

Samedi à Pretoria, M. Obama avait fait allusion à ces poursuites en estimant que «ce n'était pas le bon moment» pour se rendre au Kenya, dont les habitants espèrent pourtant depuis 2008 voir «l'enfant du pays» revenir sur la terre de ses ancêtres en tant que président américain.

Bénéficiant d'un meilleur bilan démocratique que les autres poids lourds de la région, l'Ouganda et l'Éthiopie, la Tanzanie apparaît aussi également plus stable actuellement que ses voisins et bénéficiant d'un des marchés les plus porteurs, avec un PIB par habitant inférieur à celui du Kenya, mais une économie plus dynamique à la croissance plus rapide, grâce notamment à de nombreuses ressources naturelles.

Le président Kikwete avait été le premier chef d'État africain reçu à la Maison-Blanche après l'élection de M. Obama. Et en mars, le président chinois Xi Jinping avait également choisi la Tanzanie pour y prononcer le discours majeur de sa tournée africaine, sur la politique de son pays vis-à-vis de l'Afrique.

Préoccupé par la poussée chinoise sur un continent à la démographie prometteuse faisant figure de nouvelle frontière pour les industriels, M. Obama a annoncé sa volonté d'«ouvrir un nouveau chapitre dans la relation entre les États-Unis et l'Afrique», plaidant pour un partenariat d'égal à égal cher aux dirigeants africains.

M. Obama a convié les dirigeants d'Afrique sub-saharienne à un sommet à Washington en 2014 dont le format rappelle fortement le forum de coopération Chine-Afrique (FOCAC) organisé chaque année par Pékin depuis dix ans.

Après avoir salué la démocratie sénégalaise qui fait figure d'exception en Afrique de l'Ouest, région marquée par des coups d'État et des violences politiques, M. Obama a rendu en Afrique du Sud un hommage personnel à Nelson Mandela, le héros de la lutte antiapartheid devenu le premier président noir de son pays, hospitalisé depuis le 8 juin, éclipsant les volets économiques et diplomatiques de l'étape sud-africaine.

Alors que Barack Obama quittait l'Afrique du Sud lundi matin, le père de la jeune démocratie sud-africaine, 95 ans, était toujours dans un état critique, sous assistance respiratoire, quoiqu'en légère amélioration depuis jeudi.

Sur le livre d'or de l'ancien bagne devenu musée où Nelson Mandela a passé 18 de ses 27 années de prison, M. Obama a exprimé tout son respect, puisant dans le souvenir des années 1970 où, jeune étudiant, il militait pour la libération du plus célèbre prisonnier de l'apartheid: «Au nom de notre famille, c'est emplis d'une profonde humilité que nous nous nous tenons ici, où des hommes d'un tel courage ont fait face à l'injustice et refusé de plier».