Le vice-président sud-soudanais, Riek Machar, a rencontré dimanche le président soudanais Omar el-Béchir pour apaiser les tensions après des déclarations de Khartoum menaçant de stopper le transit de pétrole sud-soudanais sur son sol.

Riek Machar s'est entretenu avec M. Béchir pendant environ une demi-heure après avoir été reçu par le vice-président soudanais, Ali Osman Taha.

Les ministres du Pétrole, de l'Intérieur et de la Défense des deux pays étaient également présents à la rencontre avec M. Osmane Taha qui s'est tenue dans une salle de conférence à Khartoum, selon un correspondant de l'AFP.

Les discussions devaient porter sur «le développement des liens bilatéraux dans l'intérêt des peuples des deux pays», a précisé l'agence officielle soudanaise Suna.

Une cargaison de pétrole sud-soudanais avait recommencé à être exportée depuis le Soudan il y a près de neuf jours, après une interruption de plus d'un an due à la montée des tensions entre les deux pays, en particulier autour du partage des recettes et du coût du transit.

Un accord signé en mars avait relancé le transit de pétrole en direction du terminal pétrolier de Port-Soudan sur la mer Rouge, mais le 8 juin. M. Béchir avait exigé la fermeture de l'oléoduc affirmant que Khartoum ne permettra pas que les revenus pétroliers du Sud «soient utilisés pour soutenir des rebelles contre le Soudan».

Le gouvernement sud-soudanais a toujours démenti toute forme de soutien aux rebelles, ses anciens alliés pendant la guerre civile qui a abouti à la partition du Soudan. Des analyses ont expliqué que M. Béchir avait donné cet ordre après des attaques de rebelles qui avaient humilié les autorités soudanaises.

L'arrêt précautionneux d'un oléoduc prend plusieurs semaines pour éviter d'endommager l'infrastructure, ce qui laisse le temps aux diplomates pour tenter de résoudre l'impasse dans les relations entre les deux pays.

Le Soudan du Sud, que des décennies de guerre civile ont dans le passé opposé à Khartoum, a acquis son indépendance en juillet 2011. Ce pays enclavé a hérité de 75% des réserves de pétrole lors de la partition, mais dépend encore des infrastructures soudanaises pour exporter le brut.

Le Fonds monétaire international (FMI) a estimé en mai que l'économie soudanaise gagnerait près de 380 millions d'euros (environ 519 millions de dollars cette année et plus d'un milliard en 2014 si un accord sur le pétrole était mis en place. Ces chiffres prennent en compte le coût du transit et le manque à gagner des ressources qui reviennent désormais au Soudan du Sud.

Le gouvernement de Juba qui dit avoir renoncé à 98% de ses recettes budgétaires, en stoppant entre janvier 2012 et avril 2013 sa production de brut, pourrait gagner plusieurs milliards si une entente était trouvée.

Le pétrole est utilisé comme «moyen de pression et de chantage, au lieu d'être une voie pour la synergie économique», a commenté dimanche l'éditorialiste Mahjoub Mohamed Saleh dans le journal The Citizen.