Le président nigérian Goodluck Jonathan a officiellement interdit mardi les activités des groupes islamistes Boko Haram et Ansaru, désormais officiellement classés comme terroristes.

«Le président Goodluck Jonathan a formellement ratifié l'interdiction de Boko Haram et autorisé la publication d'un ordre déclarant que les activités du groupe sont illégales et constituent des actes de terrorisme», a déclaré le bureau du président dans un communiqué.

Cette mesure concerne non seulement Boko Haram (Jamaatu Ahlis-Sunna Liddaawati Wal Jihad) mais aussi le groupe Ansaru (Jama'atu Ansarul Muslimina Fi Biladis Sudan), est-il précisé dans le texte.

Leurs activités relèvent désormais de la loi antiterroriste et toute personne en lien avec ces groupes nigérians peut être poursuivie et condamnée selon les termes de cette législation. La loi prévoit ainsi une peine d'emprisonnement  de «pas moins de vingt ans» pour toute personne qui sollicite ou apporte un soutien - notamment financier et logistique - à ces groupes.

Ansaru est considéré comme une faction du groupe Boko Haram, tenu pour responsable de la mort de centaines de personnes dans des attaques menées dans le nord et dans le centre du Nigeria depuis 2009.

Selon l'ONG Human Rights Watch, les attaques de Boko Haram et la répression de l'insurrection par les forces de sécurité ont fait 3.600 morts depuis 2009.

L'armée avait lancé à la mi-mai une offensive de très grande envergure contre le groupe Boko Haram dans les États de Borno, Yobe et Adamawa (nord-est) où l'état d'urgence avait été décrété. Les militaires ont mené des attaques terrestres et aériennes pour reconquérir des zones tombées aux mains des insurgés.

Washington offre depuis lundi sept millions de dollars de récompense pour toute information conduisant à la capture du n°1 présumé de Boko Haram, Abubakar Shekau.

En mars, le groupe Ansaru avait revendiqué avoir assassiné sept étrangers - qui pourraient être deux Libanais, deux Syriens, un Grec, un Italien et un Britannique - enlevés sur un chantier de construction dans l'État du Bauchi (nord), selon le réseau américain de surveillance des sites islamistes SITE.

L'implication d'Ansaru - réputé avoir des liens avec la branche maghrébine d'Al-Qaïda - a été évoquée dans deux autres affaires d'enlèvements: le rapt en 2011 dans l'État de Kebbi (nord-ouest) d'un Britannique et d'un Italien tués le 8 mars 2012 et l'enlèvement en décembre 2012 dans l'État de Katsina (nord) d'un ingénieur français.

En mars, sept Français d'une même famille, dont quatre enfants, avaient été libérés sains et saufs après deux mois de captivité aux mains d'islamistes se revendiquant de Boko Haram.