L'Érythrée a accusé jeudi Ottawa de comportement «tyrannique» après la décision du Canada d'expulser un diplomate érythréen qui prélevait une taxe auprès de la diaspora de son pays pour financer son armée.

Le Canada a ordonné mercredi l'expulsion du consul érythréen en poste à Toronto. Il lui a donné jusqu'au 5 juin pour quitter le pays.

Selon Ottawa, la collecte de fonds à laquelle le diplomate se livrait est incompatible avec les lois canadiennes et les sanctions imposées par l'ONU contre l'Érythrée pour son soutien présumé à des activités terroristes dans la Corne de l'Afrique.

Asmara a rejeté ces accusations, estimant que les activités de sa représentation à Toronto étaient parfaitement en règle avec les accords diplomatiques passés avec le Canada et ne «violaient ni les lois canadiennes ni les lois internationales».

«C'est un acte de tyrannie contre une petite et fière nation, et contre sa population, qui vise à refuser à la communauté érythréenne les services dont elle a besoin de son gouvernement,» a estimé le ministère érythréen des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le consul érythréen à Toronto a régulièrement défrayé la chronique au Canada, la presse et des organisations des droits de l'homme l'accusant de menacer les récalcitrants à l'impôt de punir leurs familles restées au pays.

Le Canada l'avait déjà averti en septembre que cette collecte était incompatible avec son statut et menacé de demander son rappel.

Mais le diplomate n'avait apparemment pas jugé opportun d'obtempérer, allant même jusqu'à distribuer en janvier des formulaires demandant une contribution pour «la défense nationale, contre l'invasion éthiopienne».

L'Érythrée a gagné son indépendance de l'Éthiopie voisine en 1993, après trois décennies de guerre. Les deux pays se sont encore affrontés militairement entre 1998 et 2000 au sujet d'un différend frontalier qui, à ce jour, n'a toujours pas été réglé.

Les relations entre Asmara et Addis Abeba restent extrêmement tendues, l'économie érythréenne se porte mal et le gouvernement érythréen demande à ses expatriés, via ses ambassades, de payer 2 % d'impôt sur le revenu.

Le petit pays d'Afrique est aussi régulièrement accusé par les organisations de défense de droits de l'homme de se livrer à de nombreuses exactions, notamment d'emprisonner des journalistes, membres de l'opposition et de minorités religieuses.