Des affrontements ont opposé lundi la rébellion congolaise du Mouvement du 23 mars (M23) et l'armée, qui a utilisé des hélicoptères, au nord de la ville stratégique de Goma, dans l'est de la RDCongo, 48 heures avant l'arrivée du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon dans la région.

En début d'après-midi, les tirs n'étaient plus que «sporadiques», a dit à l'AFP une source militaire occidentale. Les combats, menés notamment au mortier, avaient auparavant été violents, les forces congolaises perdant d'abord du terrain avant de revenir sur leurs lignes et d'avancer, a précisé cette source.

«On s'est battu toute la journée et on est parvenu à repousser le M23. Là, nous menons des opérations de ratissage», a affirmé dans l'après-midi à l'AFP le colonel Olivier Hamuli, porte-parole militaire des Forces armées de la RDC (FARDC) au Nord-Kivu.

De son côté, le M23 assure que la situation est à son avantage. «Les affrontements continuent. Il y a de temps à autre des attaques des FARDC que le M23 repousse», a indiqué à l'AFP René Abandi, chargé des relations extérieures de la rébellion.

En fin de matinée, une colonne de soldats était partie à pied de la périphérie de Goma pour se diriger vers le nord, avait constaté un journaliste de l'AFP.

«Vers 10 h 15 (8 h 15 GMT), des hélicoptères ont frappé: deux ont attaqué, et un assurait la couverture. C'était pour couper la chaîne de ravitaillement du M23», a expliqué en fin de journée le colonel Hamuli, selon lequel la tension reste «vive» sur le terrain.

Les affrontements se sont déroulés à 12 km au nord de Goma, la capitale de la province riche et instable du Nord-Kivu que le M23 avait occupée une dizaine de jours fin novembre, selon un porte-parole de la rébellion, Amani Kabasha.

Le président politique du M23, Bertrand Bisimwa, avait précisé à l'AFP que les heurts avec l'armée avaient commencé «à 6 h juste», quand les FARDC ont commencé à pilonner nos positions et appuyé des troupes au sol qui tiraient avec des armes légères».

Le colonel Hamuli a démenti cette version: «C'est eux qui ont lancé l'offensive. C'est pour empêcher le déploiement de la brigade d'intervention et probablement saboter l'arrivée de Ban Ki-moon», qui entame mercredi une tournée qui doit le mener de Kinshasa à Goma, Kigali et enfin Entebbe (Ouganda).

Une brigade d'intervention de l'ONU a commencé à arriver dans l'Est pour combattre les groupes armés - avec en tête le M23 qui, à plusieurs reprises, a menacé de «riposter» en cas d'attaque des 3000 Sud-Africains, Tanzaniens et Malawites de la brigade.

Plan de défense de Goma en «alerte élevée»

Selon un porte-parole militaire intérimaire de la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco), le commandant Vincent Tourny, c'est «la zone de Mutaho» qui aurait été attaquée «ce matin à partir de 4 h par le M23» qui ciblait les «FARDC».

Après une quinzaine de coups de feu, des tirs «nourris» ont été entendus, «les affrontements se sont étendus sur les hauteurs de Kibati», a-t-il ajouté, précisant que «des mortiers et des lance-roquettes» auraient été utilisés lors des combats.

Aucun bilan des combats n'a été diffusé tant du côté des FARDC que du M23.

Plusieurs centaines de réfugiés se sont regroupés près de la caserne des Nations unies à Munigi, à l'entrée de Goma. Et dans la capitale du Nord-Kivu, la nouvelle des affrontements a provoqué un afflux de clients vers les banques qui craignaient leur fermeture comme pendant l'occupation de la ville par le M23.

Suite aux affrontements, la Monusco a placé en «alerte élevée» son plan de défense de Goma, et en «alerte maximale» le plan de protection de l'aéroport. Des patrouilles aériennes sont prévues, a annoncé le commandant Tourny.

Les combats entre le M23 et l'armée ont commencé en mai 2012, quand des militaires se sont rebellés pour réclamer la pleine application de l'accord de paix du 23 mars 2009 qui a régi leur intégration dans l'armée, alors qu'ils étaient dans une précédente rébellion.

Le M23 a occupé Goma fin novembre et s'en est retiré après une dizaine de jours d'occupation contre la promesse d'un dialogue avec Kinshasa. Ce dialogue, laborieux, est en cours depuis décembre à Kampala mais le M23 a suspendu sa participation début mai - exigeant un cessez-le-feu de Kinshasa.

Bertrand Bisimwa avait motivé cette suspension par une «escalade militaire sur le front» qui pouvait laisser présager une attaque. En réponse, le colonel Hamuli avait accusé les rebelles de vouloir «créer un alibi, chercher un prétexte» pour masquer leur «volonté d'attaquer peut-être la ville de Goma».