Le président nigérian Goodluck Jonathan a déclaré mardi l'état d'urgence dans trois Etats frappés par les attaques du groupe islamiste extrémiste Boko Haram, en assurant qu'il fallait adopter des «mesures extraordinaires» en réponse à la violence.

«Je déclare l'état d'urgence dans les Etats de Borno, Yobe et Adamawa», a annoncé le chef de l'Etat dans un discours télévisé, en référence à trois Etats du nord-est du pays, théâtre d'une série d'attaques sanglantes menées par Boko Haram.

Le président a présenté comme «une déclaration de guerre» les dernières violences revendiquées par le groupe.

Dans une vidéo reçue lundi par l'AFP, le chef présumé de Boko Haram avait revendiqué deux attaques très meurtrières: celle de Baga, le 16 avril, qui avait été suivie d'une violente répression par l'armée, ayant fait au total 187 morts et celle de Bama menée le 7 mai, qui s'était soldée par au moins 55 morts.

Le président, au pouvoir depuis trois ans, avait déjà déclaré l'état d'urgence en janvier 2012 à la suite d'une vague de violences perpétrés par les extrémistes de Boko Haram, mais le décret s'appliquait alors seulement à certaines zones dans quatre Etats.

En cherchant à imposer cette mesure dans des Etats entiers, le chef de l'Etat doit d'abord obtenir l'autorisation des parlementaires nigérians, ce qu'il a promis de faire. Pour l'instant, les conséquences concrètes de l'état d'urgence n'ont pas été clairement présentées.

Quand l'ancien président Olusegun Obasanjo avait déclaré l'état d'urgence par deux fois, en 2004 et 2006, il avait révoqué des gouverneurs d'Etat démocratiquement élus et les avait remplacés par d'anciens officiers militaires, nommés administrateurs pour gérer les Etats. Mais le président Goodluck Jonathan s'est engagé à ne pas user d'une telle méthode. «Les gouverneurs et les autres membres de la direction politique dans les Etats concernés continueront à s'acquitter de leurs responsabilités», a-t-il dit.

Boko Haram entend instaurer un Etat islamique dans le nord à majorité musulmane.

L'insurrection qu'il a lancée, et sa répression par les forces de sécurité, ont fait quelque 3.600 morts depuis 2009.