Les autorités soudanaises ont mis fin samedi aux opérations de recherches de survivants, après l'effondrement lundi d'une mine d'or dans la région du Darfour (ouest), cent mineurs qui s'y trouvaient étant présumés morts en plus de neuf secouristes ensevelis.

«Les recherches ont pris fin aujourd'hui car c'était très dangereux», a expliqué un collègue des mineurs qui se trouvait sur place à Jebel Amir, environ 200 km au nord-ouest du chef-lieu du Darfour-Nord, El-Facher.

Des mineurs et des secouristes figurent parmi les victimes ensevelies après l'effondrement lundi de cette mine d'or illégale.

Neuf secouristes ont disparu jeudi quand le terrain s'est effondré autour d'eux, avait dit vendredi ce mineur, ajoutant que huit corps avaient été récupérés sans préciser s'il s'agissait de secouristes ou de mineurs.

«Selon les informations recueillies auprès des miens ici hier, ils n'ont retrouvé personne» d'autre, a indiqué samedi ce mineur qui a requis l'anonymat.

Jeudi, le responsable administratif de la région de Jebel Amir, Haroun al-Hassan, avait avancé un premier bilan de «plus de 60 morts», expliquant que les secouristes évitaient d'utiliser des machines qui pourraient provoquer de nouveaux effondrements.

Il n'était pas joignable dans l'immédiat samedi.

Plus tôt dans la semaine, un autre mineur avait affirmé qu'il serait difficile d'établir une liste des victimes.

«Personne n'enregistre les noms de ceux qui descendent (dans la mine). Il n'y a que leurs collègues et leurs proches qui savent où ils sont», avait-il expliqué, rappelant que ses collègues et lui-même risquaient leur vie, pour un résultat aléatoire.

«Parfois vous passez trois, quatre semaines sans rien trouver. D'autres fois, vous trouvez de l'or que vous pouvez vendre pour 10 000 livres» (1590 dollars), avait-il indiqué.

Une source humanitaire avait estimé début 2013 à près de 70 000 le nombre de personnes employées dans ces mines à Jebel Amir, dans le Darfour ravagé par une décennie de violences.

Les mines d'or illégales sont devenues une ressource clé pour le Soudan qui tente de dynamiser ses exportations d'or et d'autres produits hors hydrocarbures, deux ans après que l'indépendance du Soudan du Sud l'a privé d'une grande partie de ses ressources pétrolières.

En 2011, le gouvernement recensait plus de 200 000 mineurs illégaux qui produisaient la majorité de l'or du pays, tandis qu'une petite partie seulement de l'or provient des mines officielles.

Selon les autorités, 41 tonnes d'or ont été extraites des mines illégales pour 2,5 milliards de dollars en 2012, et 50 tonnes supplémentaires devraient l'être cette année.

Des violences liées à l'exploitation de ce métal précieux avaient provoqué en janvier et février les pires violences de la région depuis des années. Plus de 500 membres de la tribu Beni Hussein avaient été tués lors de combats contre la tribu des Rezeigat, à Jebel Amir, selon un parlementaire.

Toujours au Darfour, au moins 80 personnes ont été tuées dans des affrontements depuis jeudi soir entre tribus rivales à Edd al Fursan, à environ 100 km au sud-ouest du chef-lieu du Darfour-Sud, Nyala.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), une dispute «territoriale» est à l'origine des combats entre les tribus Gimir et Beni Halba.

Ce type de violences est souvent lié à une concurrence pour s'approprier des ressources comme l'or ou l'eau au Darfour, où des tribus locales s'étaient soulevées en 2003 contre le pouvoir central de Khartoum, dominé par les Arabes.

Bien que les violences aient diminué, des combats entre rebelles et forces gouvernementales, des querelles tribales et le banditisme continuent d'affecter la région.