Une figure de l'opposition au président égyptien Mohamed Morsi a été arrêtée, car il est accusé d'avoir critiqué le chef d'État islamiste, a indiqué mercredi l'avocat de cet opposant.

Le parquet a ordonné qu'Ahmed Douma, un blogueur et militant qui a notamment réclamé que M. Morsi soit jugé pour la mort de manifestants tués par balle, reste en prison quatre jours, a indiqué à l'AFP son avocat, Ali Soliman.

Le parquet du tribunal de la ville de Tanta, dans le delta du Nil, enquêtait après une plainte accusant M. Douma d'avoir insulté le président Morsi, déposée par un membre du parti de M. Morsi, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), selon Me Soliman, précisant que M. Douma s'était présenté spontanément aux autorités mardi.

Mohamed Morsi, élu en juin 2012, a été accusé de réprimer l'opposition et les journalistes qui le critiquent.

La présidence a indiqué avoir retiré plusieurs plaintes déposées contre des journalistes accusés d'avoir fabriqué de toutes pièces des reportages concernant M. Morsi, mais la plupart des plaintes émanent de citoyens ordinaires.

Le procureur général a ouvert le mois dernier une nouvelle enquête concernant l'humoriste et animateur de télévision Bassem Youssef pour «menace à l'ordre public».

M. Youssef, qui tourne régulièrement en dérision les islamistes au pouvoir dans son émission très populaire, a été remis en liberté début avril après avoir payé 1700 dollars de caution, à l'issue d'un interrogatoire de près de cinq heures.

Depuis son arrivée au pouvoir, M. Morsi a fait face à des vagues de contestations parfois meurtrières, menées par une coalition hybride de partis laïques et de mouvements de jeunes impliqués dans la mobilisation ayant entraîné la chute d'Hosni Moubarak début 2011.

Les Frères musulmans, dont est issu le président Morsi, ont déposé une plainte contre M. Douma comme d'autres militants, l'accusant d'avoir incité à la violence lors de heurts devant leur siège en mars.

Arrestation d'un présentateur TV islamiste condamné pour calomnie

La police égyptienne a arrêté mercredi le présentateur d'un programme télévisé d'une chaîne islamiste après qu'il a été condamné à un an de prison pour avoir calomnié une actrice, a indiqué un responsable de la police.

La police a arrêté tôt mercredi Abdallah Badr à son domicile dans la province de Charqiya, dans le delta du Nil (nord), afin qu'il commence à purger sa peine, a indiqué le responsable.

Un tribunal avait condamné à un an de prison ce prédicateur virulent et présentateur télé pour avoir insulté l'actrice Elham Chahine, qui avait porté plainte contre lui. Il avait aussi écopé d'une amende de 20 000 livres (2900 dollars).

La télévision sur laquelle officie M. Badr, Al Hafez, qui diffuse des programmes religieux et des talk-shows, figure parmi les chaînes islamistes qui ont été accusées de diffuser une idéologie extrémiste.

Abou Islam Ahmed Abdallah, un propriétaire d'une autre chaîne islamiste, est actuellement poursuivi en justice pour avoir déchiré un exemplaire de la Bible lors d'une manifestation antiaméricaine au Caire.

Plusieurs journalistes ou personnalités du monde médiatique ont subi des interrogatoires ou fait l'objet de poursuites notamment pour diffamation depuis que le président islamiste Mohamed Morsi a été élu en juin 2012. La plupart étaient des critiques du président.