Les sept Français d'une même famille, dont quatre enfants, enlevés il y a deux mois au Cameroun par le groupe islamiste nigérian Boko Haram, ont tous été libérés sains et saufs et ont rejoint vendredi l'ambassade de France à Yaoundé.

Deux mois jour pour jour après leur enlèvement, ils sont arrivés en fin de matinée dans la capitale camerounaise et ont été conduits à l'ambassade de France, a constaté un journaliste de l'AFP.

«Les enfants vont bien», a confié à l'AFP Tanguy Moulin-Fournier, le père de famille, évoquant ses quatre garçons âgés de 5 à 12 ans. «Nous sommes tellement heureux de retourner au Cameroun, de pouvoir retrouver tous nos amis et tous nos frères camerounais, c'est avec les larmes que je vous le dis», a confié l'homme au visage amaigri, portant une longue barbe, à son arrivée à l'ambassade à Yaoundé.

Il n'a fait aucun commentaire sur les conditions de la libération. Les autorités françaises et camerounaises ne les ont pas évoquées non plus.

Les otages ont été libérés dans la nuit de jeudi à vendredi «dans une zone entre le Nigeria et le Cameroun», a simplement déclaré à l'AFP le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, en route vers Yaoundé. «Ils vont bien. Nous allons procéder à des examens médicaux parce qu'ils ont vécu pendant deux mois dans des conditions extrêmement difficiles», a poursuivi M. Fabius.

À Paris, le président français François Hollande a exprimé vendredi son «immense fierté» pour la «bonne nouvelle», précisant qu'il avait eu au téléphone M. Moulin-Fournier, et lui avait fait part de son «immense soulagement».

À Yaoundé, la présidence camerounaise avait annoncé dès vendredi matin la libération de la famille des sept otages français, par un communiqué lu à la télévision nationale.

«M. Tanguy Moulin-Fournier, son épouse Albane, son frère et les quatre enfants sont sains et saufs», avait précisé la présidence camerounaise, remerciant «les gouvernements du Nigeria et de la France pour leur aide».

De son côté, le président Hollande a remercié «les autorités camerounaises et nigérianes qui ont travaillé à cette issue heureuse, et notamment le président (camerounais Paul) Biya, en étroite collaboration avec la France», selon l'Élysée.

«C'est en étant le plus discrets possible que nous pouvons être les plus efficaces», a fait valoir le chef de l'État.

Pas de versement de rançons, assure Paris

«Ils sont libres, enfin libres! C'est formidable! Après ces deux mois d'attente interminable...», a réagi un proche de la famille, tandis que de nombreux membres du comité de soutien ont aussitôt annoncé la nouvelle sur Twitter et posté des messages de joie sur la page Facebook du comité.

Le père, la mère et leurs quatre garçons résidaient depuis 2011 à Yaoundé où Tanguy Moulin-Fournier est employé expatrié du groupe GDF Suez. Cyril Moulin-Fournier, le frère de Tanguy, qui vit en Espagne, les avait rejoints pour des vacances.

Tous avaient été enlevés dans l'extrême nord du Cameroun où ils étaient allés visiter un parc national.

Leurs ravisseurs se réclamaient de la secte islamique Boko Haram, active dans le nord du Nigeria, une zone troublée depuis plusieurs années par des attentats et des assassinats, réprimés dans le sang par les forces de sécurité nigérianes.

Dans une vidéo diffusée fin mars, l'un d'eux avait affirmé : «Nous affirmons au monde que nous ne libérerons pas les otages français tant que les membres de nos familles sont emprisonnées au Nigeria et au Cameroun. La force ne servira pas à les libérer, nous sommes prêts à nous défendre avec force».

Ces revendications avaient été jugées «hors de portée de la France», par le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui avait toutefois effectué un voyage au Cameroun à la mi-mars, et avait rencontré le président Paul Biya ainsi que la communauté française.

François Hollande avait indiqué à plusieurs reprises tout faire pour obtenir la libération des otages. «La politique de la France, c'est qu'il n'y a pas de versements de rançons», avait-il cependant assuré à la fin mars.

«La France «ne cède pas sur les principes», le «non-versement par la France de rançons», a réaffirmé M. Hollande vendredi, alors que la France compte encore au moins sept de ses ressortissants otages en Afrique. Ces rapts sont revendiqués par des groupes islamistes, dont six par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) au Sahel.

IMAGE AFP/BOKO HARAM

Dans une vidéo diffusée fin mars, l'un d'eux avait affirmé : «Nous affirmons au monde que nous ne libérerons pas les otages français tant que les membres de nos familles sont emprisonnées au Nigeria et au Cameroun. La force ne servira pas à les libérer, nous sommes prêts à nous défendre avec force».