Un sommet des dirigeants d'Afrique centrale a promis jeudi de porter à 2000 hommes une force régionale chargée de mettre fin à l'anarchie qui prévaut en Centrafrique depuis l'arrivée au pouvoir des rebelles du Séléka le mois dernier.

Aucun calendrier n'a toutefois été fixé pour ce déploiement qui équivaudrait à un quadruplement des effectifs de la Force multinationale d'Afrique centrale déjà sur place mais qui n'ont pas réussi à éviter les violences et les pillages à Bangui.

«Les chefs d'État ont convenu de doter la Fomac d'un effectif de 2000 hommes et d'un mandat adéquat en vue d'accompagner les efforts du gouvernement de transition (centrafricain), tant dans le domaine de la sécurité que dans la restructuration des forces de défense et de sécurité», selon le communiqué final du sommet extraordinaire qui se tenait dans la capitale tchadienne N'Djamena.

La force comprend actuellement quelque 500 militaires, 120 Gabonais, 120 Camerounais, 120 Congolais plus un contingent tchadien, ses soldats les plus aguerris, dont le nombre exact n'est pas connu.

L'autre grande question abordée lors du sommet sur la Centrafrique était le soutien financier à apporter à ce pays, un des plus pauvres du monde et à l'histoire mouvementée depuis l'indépendance. Mais aucune aide n'y a été annoncée.

La situation y a encore été aggravée par la destruction d'une partie de l'économie et l'instabilité qui ont suivi l'offensive des rebelles contre le président François Bozizé, renversé le 24 mars.

«L'organe de transition en place (à Bangui) n'a pas un sou dans sa caisse pour fonctionner. Il est urgent que les partenaires et les pays amis apportent leur contribution financière aux organes de la transition pour remplir sa mission», a déclaré le président tchadien Idriss Déby.

Le nouveau président centrafricain, le chef de la rébellion Michel Djotodia, resté à Bangui, a lui aussi prédit jeudi de grandes difficultés économiques.

«Nous venons de prendre le pouvoir, et les difficultés sont énormes. Les caisses de l'État sont vides», a-t-il dit.

Selon le communiqué du sommet, un groupe international composé de tous les partenaires de la République centrafricaine se réunira les 2 et 3 mai à Brazzaville, au Congo, pour accompagner la transition.

«La RCA est comme une plaie au coeur de l'Afrique centrale, il nous faut nous mobiliser pour mettre fin a cette situation récurrente», avait plaidé M. Déby avant l'ouverture des débats, dénonçant les «bandes armées qui pillent, rançonnent et rackettent la population».

La coalition rebelle du Séléka «est une organisation qui manque d'unicité et d'initiative de commandement alors que l'effectif de la Fomac est insuffisant» pour sécuriser le pays, avait-il dit.

Un précédent sommet réunissant les chefs d'État de la Communauté économique des États d'Afrique centrale (CEEAC) ainsi que le président sud-africain Jacob Zuma, le 3 avril, avait permis de trouver «l'habillage institutionnel» donnant une certaine légitimité à M. Djotodia dans la région.

Le chef du Séléka a été élu président samedi dernier pour une période de transition de 18 mois par un conseil représentant les différentes forces politiques de Centrafrique.

Les dirigeants de la région ont réitéré jeudi que le chef de l'État, le premier ministre Nicolas Tiangaye, les membres du gouvernement de transition et le Conseil national de transition «ne peuvent se présenter aux prochaines élections».

Ils rappellent que «des élections libres, démocratiques, transparentes et régulières»: référendum constitutionnel, législatives et présidentielle, doivent être organisées pour un retour à un ordre constitutionnel.

La situation de la RCA s'est considérablement dégradée en trois semaines de nouveau régime après dix ans de gouvernement Bozizé corrompu.

Les pillages n'ont pas cessé et des heurts ont eu lieu entre des hommes du Séléka et des habitants excédés par l'insécurité, ainsi qu'avec des milices partisanes du président déchu. Une vingtaine de personnes sont mortes le week-end dernier à Bangui.

Mardi, M. Djotodia avait annoncé un renfort de 500 hommes à la police et 500 à la gendarmerie ainsi que le retrait des combattants du Séléka des rues. Mais le cantonnement de ses troupes ne s'est pas matérialisé.

La Centrafrique est un des les plus pauvres de la planète malgré la richesse de son sous-sol (uranium, diamants, or pétrole...) encore inexploitée. Ses cinq millions d'habitants se situent au 180e rang sur 186, au classement des pays suivant l'Indice de développement humain défini par les Nations unies.