Une dizaine de hauts gradés de l'armée congolaise ont été arrêtés en lien avec des viols de masse commis par plusieurs unités militaires dans l'est du pays, en novembre 2012, a annoncé samedi à l'Associated Press la ministre congolaise de la Justice Wivine Mumba.

Ces arrestations surviennent plus de deux semaines après que les Nations unies eurent pressé le gouvernement congolais d'agir dans cette affaire. L'ONU a indiqué que si le gouvernement congolais refusait de poursuivre les suspects, la mission onusienne de maintien de la paix au Congo, la MONUSCO, cesserait sa collaboration avec les unités de l'armée soupçonnées d'avoir commis les viols.

Les viols de masse ont eu lieu après que l'armée congolaise eut été battue par les rebelles du groupe M23 qui ont pris le contrôle de la capitale provinciale, Goma, dans l'est du pays. L'armée nationale a battu en retraite dans le désordre.

Les commandants ont perdu le contrôle de leurs troupes, ou ne désiraient pas imposer de discipline à leurs hommes qui se sont regroupés à environ 50 kilomètres au sud de Goma, à Minova. Petite ville poussiéreuse sur la rive du lac Kivu, Minova abrite plusieurs milliers d'habitants. Pendant des jours, l'armée congolaise a violé, tué et pillé par colère et détresse après leur défaite, avant que la discipline ne puisse être rétablie par des commandants de l'armée.

La ministre Mumba a expliqué qu'il avait été difficile de mener une enquête en temps de guerre, et de découvrir quelles unités avaient commis les crimes.

Environ 126 femmes ont été violées par des soldats, selon un rapport de Human Rights Watch. Selon Mme Mumba, toutefois, l'enquête gouvernementale a permis d'établir que ce total était sans doute plus élevé.

«Il y a des femmes qui, en raison de nos traditions qui rejettent les femmes violées, n'ont pas osé se manifester», a-t-elle dit.

Les suspects et les victimes seront interviewés par des procureurs de l'armée congolaise avant le procès. Le Congo est reconnu pour son laisser-faire en matière de crimes de violence sexuelle, en particulier lorsque ceux-ci sont commis par l'armée. La culture d'impunité imprégnant tous les niveaux de la société a créé un environnement propice aux violences sexuelles, puisque les criminels ne craignent pas d'être poursuivis.

Les viols de masse sont un crime contre l'humanité et un crime de guerre en vertu de la loi internationale.