Le procès en appel des assassins présumés de Floribert Chebeya, militant des droits de l'homme congolais tué en juin 2010, a repris mardi à Kinshasa devant la Haute cour militaire, après plusieurs mois d'interruption.

Un nouvel incident de procédure a monopolisé les débats et la prochaine audience a été fixée au 30 avril, dans l'enceinte de la prison de Kinshasa.

La précédente audience datait de la mi-décembre, les avocats des parties civiles ayant demandé que trois policiers suspectés, mais en fuite, soient cités formellement à comparaître.

Le 23 juin 2011, en première instance, la cour militaire de Kinshasa avait condamné à mort le principal suspect, le colonel Daniel Mukalay, numéro 2 des services spéciaux de la police, ainsi que trois policiers jugés par contumace car en fuite. Un autre avait été condamné à la prison à perpétuité et trois avaient été acquittés.

Tous sont rejugés depuis le 19 juin 2012 mais le procès a subi de longues interruptions.

Floribert Chebeya, 47 ans, qui avait créé une ONG appelée la Voix des sans voix, avait été convoqué le 1er juin 2010 à l'Inspection générale de la police à Kinshasa pour rencontrer son responsable, le général John Numbi - qui nie avoir donné ce rendez-vous. Son corps avait été retrouvé le lendemain dans sa voiture, les poignets portant des traces de menottes. Celui de son chauffeur Fidèle Bazana n'a jamais été retrouvé.

Sa mort a suscité de nombreuses interrogations et interpellations, notamment des pays occidentaux qui soutiennent le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC). L'enquête avait rapidement abouti à la mise en cause des policiers qui comparaissent.

L'un des policiers en fuite, le major Paul Mwilambwe, a dans diverses interviews formellement mis en cause le général Numbi, le chef de la police suspendu de ses fonctions depuis l'affaire, et que les parties civiles considèrent comme le «suspect numéro 1». Mais la Cour a refusé de l'entendre.

Les avocats des parties civiles tentent à présent d'éviter que les accusés, dont l'adjoint du général Numbi, puissent se pourvoir en cassation. Leur dernier argument soulevé porte sur la publication, en date du 3 décembre, d'une décision prise le 18 du même mois.