L'ancien chef de la Marine de Guinée-Bissau, accusé de trafic de drogue, a été placé en détention vendredi à New York après une première comparution devant un juge, ont annoncé des responsables américains.

Un porte-parole du bureau du procureur de Manhattan a déclaré à l'AFP que José Américo Bubo Na Tchuto et deux co-accusés avaient été «placés en détention» après avoir comparu devant un tribunal fédéral.

Selon l'acte d'accusation visant José Américo Bubo Na Tchuto et ses deux co-accusés Papis Djeme et Tchamy Yala, les trois hommes faisaient partie d'un réseau international de trafic de drogue trouvant son origine en Amérique latine.

«Ils recevaient des tonnes de cocaïne, les transportaient en bateau d'Amérique du Sud vers la Guinée-Bissau, et l'entreposaient dans le pays avant son envoi vers d'autres destinations, dont les États-Unis», ajoute l'accusation.

Le procureur a par ailleurs confirmé que José Américo Bubo Na Tchuto avait été arrêté grâce à une opération menée sous couverture par des membres de l'Agence américaine antidrogue (DEA): l'ex-chef de la Marine pensait avoir affaire à un fournisseur de cocaïne et un intermédiaire originaires d'Amérique latine, alors qu'il s'agissait en réalité d'agents de la DEA.

Cette opération avait débuté en août dernier.

L'arrestation de Bubo Na Tchuto a été annoncée jeudi. Le contre-amiral figurait depuis 2010 sur une liste de «barons de la drogue» établie par les États-Unis.

Le premier ministre cap-verdien José Maria Neves a déclaré vendredi sur la radio-télévision cap-verdienne (RTC) que cette arrestation avait eu lieu «dans les eaux internationales, près du Cap-Vert» à la suite d'une «opération des forces américaines».

«Le Cap-Vert a simplement été une escale. Nous tenions à garantir toutes les mesures de sécurité durant le transit» de M. Bubo Na Tchuto vers les États-Unis, où l'ex-chef de la Marine bissau-guinéenne a ensuite été envoyé, a ajouté M. Neves.

Le gouvernement de Guinée-Bissau a de son côté assuré qu'il «défendrait» son ex-chef de la Marine, José Américo Bubo Na Tchuto, comme elle le ferait «partout» pour ses ressortissants en difficulté, a déclaré à la presse son ministre de la Communication et porte-parole, Fernando Vaz.

Dans le cadre de l'opération menée par la DEA, les trois accusés évoquaient la réception de plusieurs chargements d'une tonne de cocaïne à chaque fois. Selon l'acte d'accusation, José Américo Bubo Na Tchuto devait toucher un million de dollars par cargaison.

M. Bubo Na Tchuto, personnage controversé en Guinée-Bissau, est soupçonné d'être impliqué dans plusieurs coups de force avortés ou réussis dans cet État à l'économie précaire.

Il a été accusé d'avoir été l'auteur d'un coup d'État manqué le 26 décembre 2011. Il avait été arrêté, puis libéré avec 18 autres codétenus le 20 juin 2012 sur ordre de l'actuel chef de l'armée bissau-guinéenne, le général Antonio Indjai.

Depuis sa libération, il était étroitement surveillé à Bissau, car il jouit d'une grande popularité au sein des forces armées.

Pays en proie depuis son indépendance du Portugal, en 1974, à une instabilité chronique, avec des coups d'État récurrents -avortés ou réussis- et des violences où l'armée joue un rôle prépondérant, la Guinée-Bissau est devenue une zone de transit de narcotrafiquants.