L'ex-homme politique rwandais Leon Mugesera, extradé du Canada et jugé à Kigali pour incitation au génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, a rejeté vendredi toutes les accusations formulées contre lui.

«Je rejette formellement et catégoriquement toutes les accusations portées contre moi. Je nie avoir été impliqué dans les tueries, de manière directe ou indirecte», a déclaré M. Mugesera, linguiste de formation, né en 1954.

«Je n'ai jamais incité les gens à commettre le génocide. Je ne suis au courant d'aucun plan ou dispositif sur le génocide et il n'y a jamais eu aucun document prouvant qu'il y avait un projet de tuer les gens», a-t-il ajouté.

«Je n'ai jamais été partie à un plan préparant des meurtres (...) l'accusation m'accuse de conspiration. Elle devrait faire comparaître la personne avec qui j'ai comploté», a-t-il poursuivi.

Le parquet attribue à M. Mugesera un discours violemment anti-tutsis prononcé en 1992 lors d'un rassemblement du parti du président hutu de l'époque Juvénal Habyarimana dont il était membre, estimant qu'il s'agit d'un des éléments ayant amorcé le génocide. Les Tutsi y étaient traités de «cafards» et les Hutu encouragés à les tuer.

L'assassinat en avril 1994 du président Habyarimana, dont l'avion a été abattu par un missile à Kigali, allait déclencher le génocide d'environ 800 000 personnes, essentiellement membres de la minorité tutsie, tuées en quelques semaines, selon l'ONU.

Lors d'une récente audience, M. Mugesera a contesté l'authenticité de l'enregistrement du discours présenté par l'accusation, y dénonçant des «anomalies».

«Je me souviens que l'horreur qui s'est abattue sur le Rwanda a été déclenchée par le tir ayant abattu l'avion du président Juvenal Habyarimana, le 6 avril 1994. J'étais au Canada ce jour-là et je l'ai vu à la télévision comme n'importe qui. Je n'ai pas tiré les missiles qui ont abattu l'avion», a également souligné vendredi M. Mugesera.

Réclamé depuis 1995 par Kigali, M. Mugesera était installé depuis 1993 avec son épouse et ses enfants au Québec, où il a multiplié durant plus de 15 ans les recours judiciaires, sans pouvoir finalement empêcher son extradition vers le Rwanda en janvier 2012.

Il a depuis obtenu plusieurs reports de son procès en soulevant de nombreuses questions de procédure.