En l'absence d'informations fiables, Ottawa assume que de faux passeports pourraient être à l'origine de la déclaration du gouvernement algérien faisant état de la présence de Canadiens parmi les ravisseurs liés à al-Qaïda qui ont pris des otages dans des installations gazières isolées, a appris La Presse Canadienne.

Des sources fédérales haut placées affirment que le gouvernement est frustré par le manque de renseignements provenant d'Algérie.

Ottawa serait également mécontent du fait que le premier ministre algérien eut annoncé lundi à la télévision que deux ressortissants canadiens faisaient partie des preneurs d'otages ayant séquestré des centaines de travailleurs.

Selon un responsable canadien, Ottawa désire obtenir la preuve que ces deux ravisseurs étaient Canadiens, et pouvoir confirmer ces informations avec les données disponibles au pays.

«Pour ce que nous en savons, c'est un faux passeport. Jusqu'à ce que nous puissions les voir, nous ne serons pas en mesure de le savoir», a-t-il déclaré.

Le premier ministre algérien Abdelmalek Sellal n'a pas dit, lundi, si les Canadiens faisaient partie des 29 militants tués par les forces algériennes qui ont donné l'assaut aux installations, ou des trois hommes pris vivants. Chez les otages, on dénombre 38 morts.

Parmi les ravisseurs, on retrouvait supposément des gens provenant du Canada, et des otages ayant réussi à s'enfuir ont dit se rappeler d'avoir entendu au moins un des assaillants parler anglais avec un accent nord-américain.

D'autres informations laissent plutôt entendre que les Canadiens avait coordonné l'attaque. Cela n'a pas pu être confirmé. Selon M. Sellal, les Canadiens étaient d'origine arabe. Il a également parlé d'une cellule de militants regroupant des hommes provenant d'Égypte, du Mali, du Niger, de la Mauritanie et de la Tunisie, ainsi que trois Algériens.

Le ministère canadien des Affaires étrangères a dit qu'il «utilisait les canaux appropriés pour obtenir plus d'informations», et demeurait en étroit contact avec les autorités algériennes, mais sans plus.

Interrogé à savoir si le Canada se sentait laissé dans l'ombre par les révélations de lundi du premier ministre, le responsable canadien a indiqué, sans élaborer, qu'on «aimerait évidemment être mis au courant de ces choses avant qu'elles ne soient annoncées.»

«Cette position a été clairement indiquée», a-t-il ajouté.

Des experts en matière de sécurité ont également dit, lundi, que le gouvernement algérien et les terroristes évoluant en Afrique du Nord pouvaient inventer les informations voulant que des Canadiens fissent partie des extrémistes liés à al-Qaïda.

Cela ne signifie cependant pas que le Canada n'est pas aux prises avec un problème de sécurité intérieure chez une partie de sa population d'origine algérienne, particulièrement à Montréal, ont-ils souligné.