Il y aurait non pas un, mais plusieurs djihadistes canadiens parmi les preneurs d'otages d'Ain Amenas aux côtés de moudjahidin venus de l'Algérie, du Mali, de l'Égypte, du Niger et de la Mauritanie.

C'est ce qu'a précisé à La Presse un journaliste de l'agence de presse mauritanienne ANI qui suit ce dossier. «Une source au sein de la Ketiba Moulethemoun de Mokhtar Belmokhtar, dit Bellaawar, nous dit qu'il y a des gens qui ont la nationalité canadienne parmi les ravisseurs, sans préciser leur origine ni leur nombre.»

Cette présence canadienne, qui a mis le gouvernement et les services secrets du pays en alerte, n'a rien d'étonnant si elle se confirme, tant les liens entre le Canada et les filières islamistes radicales sont notoires.

Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a rédigé plusieurs rapports sur le sujet. Et en 2011, l'ex-juge antiterroriste français Jean-Louis Bruguière a affirmé à La Presse que «certains au Canada ont toujours des convictions extrémistes ou proches de l'ex-Groupe islamique armé (GIA) algérien. Avec la montée en puissance d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), on peut être inquiets».

En mars dernier, la GRC a lancé un avis de recherche envers deux étudiants manitobains «pour participation aux activités d'un groupe terroriste» après un séjour auprès des talibans au Pakistan. En 2009, de jeunes Torontois se seraient joints aux terroristes somaliens shebab. L'un d'eux serait mort en «martyr» depuis.

Il faut se rappeler que, dans les années 90, Montréal a servi de refuge à plusieurs membres du GIA algérien, organisation qui a donné naissance plus tard au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), en 1998, puis à AQMI. Une dizaine de ces activistes, immigrés au Québec, ont constitué la «cellule de Montréal».

Le groupuscule a été décapité par les services antiterroristes français en 1999. Certains de ses membres ont été emprisonnés en France, mais sont retournés au Québec. D'autres ont été expulsés vers l'Algérie et le Maroc. On aurait perdu leur trace. Seul Ahmed Ressam est incarcéré aux États-Unis jusqu'en 2032 à la suite de son projet d'attentat contre l'aéroport de Los Angeles.