Le Canada n'a peut-être pas l'intention de participer directement à l'offensive militaire au Mali, mais il «ne restera pas insensible à l'évolution rapide des choses», a déclaré le président de l'Union africaine et président du Bénin, Thomas Boni Yayi, au cours d'un entretien avec La Presse, vendredi à Montréal.

Cette déclaration survient après que la France eut annoncé qu'elle allait intervenir militairement au Mali. Cette décision a été saluée par Thomas Boni Yayi, qui s'est dit «aux anges».

«Le Canada a prouvé plusieurs fois sa volonté de défendre la démocratie et les droits de l'homme», a ajouté le président africain, qui a ajouté que le premier ministre Stephen Harper l'avait assuré, mardi à Ottawa, «de la disponibilité du Canada pour appuyer le Mali en matière d'aide humanitaire».

«Nous faisons ça maintenant. Ça va continuer», avait précisé le premier ministre devant les journalistes.

Combattre le terrorisme international

Si la communauté africaine a souvent exprimé le souhait de régler elle-même les problèmes du continent, sans intervention extérieure, la donne est différente cette fois. «Il faut combattre le terrorisme international, car c'est de ça qu'il s'agit, explique Thomas Boni Yayi. Il en va de la compétence de la communauté internationale, car même si les opérations ont lieu dans le nord du Mali, les effets concernent l'humanité tout entière.»

Le président de l'Union africaine cite en exemple l'intervention de l'OTAN en Libye, «au nom du respect des droits de l'homme et de la préservation des libertés fondamentales». Or, ce qui se passe au Mali «est la conséquence de la crise libyenne», explique-t-il.

Tête-à-tête avec Pauline Marois

Thomas Boni Yayi a tenu à sensibiliser également la première ministre du Québec, Pauline Marois, lors d'un entretien privé en après-midi. «Nous appartenons tous à la famille francophone, il faut tout faire pour nous rassembler, créer une synergie, pour appuyer la République française dans la résolution de la question malienne.»

Mais sa rencontre avec Pauline Marois avait aussi pour objectif de resserrer les liens entre le Québec et le Bénin. Le président béninois désire ouvrir les portes de son pays aux investisseurs d'ici, pour qu'ils puissent l'appuyer dans ses «réformes, faire en sorte que le Bénin renoue avec une croissance forte et inclusive.»