L'armée malienne a affirmé mardi avoir repoussé la veille près de Mopti (centre du Mali) une tentative d'attaque d'islamistes occupant le nord du pays, alors que des discussions prévues entre Bamako et deux groupes armés ont été reportées à la demande des différentes parties.

Lundi après-midi, «des terroristes et islamistes armés d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, d'Ansar Dine et du Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest) ont tenté un mouvement de force sur les positions avancées» de l'armée aux alentours de la localité de Kona, proche de Mopti, selon un communiqué du ministère malien de la Défense diffusé par les médias publics.

«Les forces armées et de sécurité maliennes ont repoussé cette tentative d'attaque», elles n'«ont subi aucun dommage» et leurs effectifs «sont au grand complet sur la ligne de front», ajoute le communiqué.

Sur Radio France Internationale, le ministre de la Défense Yamoussa Camara a lui-même assuré qu'il n'y a eu aucun accrochage entre militaires et islamistes.

Plus tôt mardi, une source militaire malienne avait parlé à l'AFP de «tirs de sommation» effectués lundi et dans la nuit de lundi à mardi par l'armée en direction des islamistes, qui se sont rapprochés de la limite de leurs zones.

La ville de Mopti est la dernière grande cité avant les territoires sous contrôle des islamistes qui se sont emparés du vaste Nord malien il y a neuf mois, avec le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA, rébellion touareg). Ils ont aussi pris des localités de la région de Mopti. Depuis neuf mois, c'est la première fois que l'armée malienne et ces mouvements armés ont été aussi proches d'un affrontement.

«Ordre a été donné à nos troupes qui patrouillent actuellement dans la région de Mopti» sous contrôle gouvernemental «de détruire toutes les cibles ennemies» qui s'y manifesteraient, a-t-on affirmé à l'AFP à l'état-major de l'armée à Bamako.

Selon des sources sécuritaires et des témoins, Ansar Dine, Aqmi et le Mujao, renforcés par des hommes de la secte islamiste nigériane Boko Haram, se sont regroupés début janvier dans une localité proche de Tombouctou (nord-ouest).

Regain de tension

«La tension a clairement augmenté et nous observons cela de très près tout en travaillant avec nos partenaires internationaux (...) pour appliquer rapidement» la résolution de l'ONU adoptée le 20 décembre et autorisant le déploiement d'une force internationale au Mali, a déclaré la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland.

La France a appelé les islamistes à «cesser» leurs mouvements vers le Sud malien et à «reprendre les négociations» alors qu'à Dakar où elle était en visite mardi, la directrice exécutive d'ONU Femmes, Michelle Bachelet, s'est déclarée «très préoccupée par la situation des femmes» dans le nord du Mali, où elles «sont victimes de violences sexuelles».

C'est que dans leurs zones d'influence, les islamistes multiplient les exactions en prétendant imposer la charia (loi islamique) dont ils ont une interprétation rigoriste.

Ces développements sur le terrain se sont produits alors que Bamako, Ansar Dine et le MNLA étaient appelés à discuter jeudi à Ouagadougou. Discussions finalement «reportées à une date ultérieure à la demande des parties», selon le ministre burkinabè des Affaires étrangères Djibrill Bassolé qui conduit les négociations au nom du président Blaise Compaoré, médiateur de l'Afrique de l'Ouest dans la crise malienne.

Ce report doit leur accorder «plus de temps pour se préparer», a-t-il dit à l'AFP.

Sous la pression du Burkina Faso et de l'Algérie, Ansar Dine s'était notamment engagé à prendre ses distances avec Aqmi et le Mujao en se disant disposé au dialogue avec Bamako. Mais le 3 janvier, il a accusé Bamako de ne pas être prêt au dialogue et a retiré son offre de cessation des hostilités, se disant ouvert à de nouvelles discussions.

En visite à Ottawa, le président en exercice de l'Union africaine (UA), le Béninois Thomas Boni Yayi, a appelé l'Otan à déployer des forces aux côtés des troupes africaines devant aller au Mali sous mandat de l'ONU.

Le 31 décembre, le président malien par intérim Dioncounda Traoré avait affirmé que le Mali se préparait à faire «la guerre contre les terroristes (...) plus tôt qu'on ne le pense», avec l'armée malienne aux premiers rôles. En novembre, un émissaire onusien avait estimé une intervention impossible avant septembre 2013.