La coalition rebelle du Séléka s'est emparé mardi d'une nouvelle ville, Kaga Bandoro, dans le centre-nord de la Centrafrique, sans rencontrer de résistance, s'approchant un peu plus de la capitale Bangui, a indiqué une source militaire.

Désormais présente à l'est et au nord de Bangui, la rébellion qui avait affirmé au début des hostilités, le 10 décembre, ne pas vouloir marcher sur la capitale, s'en approche désormais dangereusement, ne rencontrant que peu de résistance dans son avancée.

Bangui est située à la frontière du Congo Brazzaville et de la République démocratique du Congo.

Signe de crise, «le président centrafricain (François Bozizé) a réuni longuement les responsables militaires pour faire le point sur la situation», a indiqué mardi une source militaire dans la capitale centrafricaine.

À Kaga Bandoro, «les rebelles sont entrés» mardi «en véhicule et en moto, et ils se sont mis à tirer à l'arme lourde en direction des points stratégiques: base du détachement militaire, gendarmerie, poste des douanes, police», a déclaré une autre source militaire à Sibut, verrou stratégique sur la route de Bangui.

«Les éléments des Forces armées centrafricaines, selon la même source, ont opposé une brève résistance, puis se sont mis à battre en retraite en direction de Sibut (à 130 km de Kaga Bandoro et à une centaine de km de Bangui)».

Les axes routiers Kaga Bandoro -Bangui et Bambari (ville occupée par la rébellion Séléka depuis dimanche)- Bangui se rejoignent à Sibut.

«Population terrée chez elle»

«Une bonne partie de la population s'est terrée chez elle en entendant les détonations, et de nombreux habitants se sont mis à fuir en direction des villages voisins (...) voyant arriver ceux de Dékoa (localité) voisine de Kaga Bandoro», a ajouté la source militaire.

Kaga Bandoro est le quatrième chef-lieu de préfecture du pays à être attaqué et occupé par la rébellion après Ndélé (nord), Bria (centre), et Bambari (centre sud).

Face à la rébellion, l'armée régulière, sous-équipée, démotivée et mal organisée, a démontré sa faible capacité de riposte, notamment lors de la prise de Bambari en à peine quelques heures, qui était pourtant l'une de ses places fortes.

Des soldats tchadiens arrivés en renfort en nombre non précisé en milieu de semaine dernière en Centrafrique sont en revanche rompus au combat. L'armée tchadienne avait déjà aidé François Bozizé à combattre des rébellions dans le nord du pays en 2010.

Cependant, dès le départ, celle-ci s'est présentée comme une «force d'interposition» et non d'attaque, et ne s'est pas opposée à l'avancée rapide de la rébellion.

Lundi, le Séléka a annoncé «l'arrêt de ses opérations» et demandé au président centrafricain François Bozizé, qui a pris le pouvoir avec un coup d'État en 2003, un cessez-le-feu comme seule condition à la négociation.

Dans le même temps, le gouvernement centrafricain s'était dit «disponible pour le dialogue à Libreville (prôné par les chefs d'État d'Afrique centrale vendredi, NDLR) dès que le retrait des rebelles des localités occupées sera effectif», sans évoquer l'idée d'un cessez-le-feu.

«Les rebelles, au lieu de se retirer, se sont emparés d'autres villes en violation flagrante de la décision des chefs d'État à Ndjaména, 24 heures seulement après le sommet», a déploré lundi le ministre de l'Administration du Territoire, Josué Binoua.

Le Séléka affirme avoir repris les armes pour réclamer l'application de différents accords de paix signés entre 2007 et 2011, qui prévoyaient notamment un programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. Ces accords sont restés lettre morte depuis.

Vendredi, les chefs d'État d'Afrique centrale -dont François Bozizé- réunis à N'Djamena ont proposé des négociations «sans délai» à Libreville.