Le gouvernement malien et les groupes armés Ansar Dine et MNLA, qui discutaient directement pour la première fois, se sont engagés mardi à Ouagadougou à un «dialogue», basé sur le respect de l'intégrité territoriale du Mali et le rejet du «terrorisme», pour régler la crise dans le pays.

Dans le même temps, Alassane Ouattara, chef de l'État ivoirien et président en exercice de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO), a appelé depuis Paris à déployer «dans les meilleurs délais» une force africaine pour chasser les islamistes armés qui occupent le nord du Mali depuis juin.

Autour du président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur pour la CÉDÉAO, se sont retrouvés au Burkina Faso une délégation du gouvernement malien et des émissaires d'Ansar Dine, l'un de ces groupes islamistes, et de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA).

Durant leur toute première rencontre à trois, Bamako et ces mouvements armés ont convenu «d'observer une cessation des hostilités» et «ont reconnu la nécessité de créer un cadre de dialogue intermalien inclusif», qui impliquerait aussi les communautés du nord du Mali, selon le communiqué final.

Parmi les «principes» sur lesquels ils se sont entendus figurent «le respect de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale du Mali», «le rejet de toute forme d'extrémisme et de terrorisme» ainsi que «le respect des droits de l'Homme, de la dignité humaine, des libertés fondamentales et religieuses».

Le nord du Mali est contrôlé depuis juin par trois groupes islamistes armés: Ansar Dine, mouvement essentiellement composé de Touareg maliens, et les jihadistes surtout étrangers d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO).

Ils ont évincé le MNLA, mouvement qui réclamait l'indépendance avant de plaider pour le droit à «l'autodétermination», avec lequel ils avaient mis en déroute l'armée malienne début 2012.

Dans le Nord malien, les islamistes appliquent de façon très stricte la charia (loi islamique), un sujet très sensible que n'évoque pas explicitement la déclaration finale. Le document indique seulement que les envoyés de Bamako ont réitéré que «la laïcité est un préalable à l'ouverture du dialogue».

Or, si Ansar Dine a fortement évolué récemment en prenant ses distances avec les «terroristes» et en annonçant renoncer à imposer la charia dans tout le Mali, ce mouvement a exigé jusque-là de pouvoir la faire appliquer dans les zones sous son contrôle.

Les difficiles discussions qui s'amorcent sont très critiquées par certains acteurs politiques maliens, hostiles à tout compromis. Mais si elles aboutissent, l'intervention militaire africaine en cours de préparation devrait ne viser que les «terroristes» d'Aqmi et du Mujao.

Les Nations unies doivent se prononcer en décembre sur cette intervention.

«Il faut bien sûr le dialogue politique, mais une intervention militaire me paraît indispensable et dans les meilleurs délais», a lancé M. Ouattara à l'issue d'un entretien avec le président français François Hollande.

L'Élysée a relevé leurs «convergences de vues, en particulier leur volonté que le Conseil de sécurité des Nations unies autorise par une résolution, adoptée avant la fin de l'année, le déploiement d'une force africaine».

Les dirigeants africains ont été très déçus par le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Tout en jugeant que la force serait «sans doute nécessaire en dernier recours contre les plus extrémistes» des groupes armés, il a averti des risques humanitaires et politiques.

Comme la CÉDÉAO, le chef de l'État béninois Thomas Boni Yayi, président en exercice de l'Union africaine, et le président tchadien Idriss Deby ont lancé mardi «un appel» à l'ONU pour qu'elle autorise «d'urgence» le déploiement de cette force.

La représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, a souhaité de son côté «un cadre crédible pour des négociations Nord-Sud» en vue d'une «solution durable» au Mali.

L'UE a donné son accord de principe pour dépêcher au Mali une mission de 250 formateurs chargés d'y entraîner quatre bataillons de 650 soldats maliens, en vue de l'intervention dans le Nord.