Le président égyptien Mohamed Morsi a souligné dans un communiqué dimanche soir que les pouvoirs élargis qu'il s'est attribués par décret étaient «temporaires», appelant à un «dialogue démocratique».

«La présidence réaffirme la nature temporaire de ces mesures, qui ne sont pas destinées à concentrer tous les pouvoirs mais au contraire à les remettre à un Parlement démocratiquement élu», selon ce communiqué.

Par ce communiqué, la présidence justifie la «déclaration constitutionnelle» du 22 novembre par laquelle M. Morsi s'est doté de larges pouvoirs, rendant notamment ses décisions inattaquables devant la justice. Cela a provoqué une levée de boucliers de l'opposition, qui l'a accusé de se comporter en «pharaon», et du pouvoir judiciaire, inquiet pour son indépendance.

Face à l'insistance des responsables islamistes, au cours des dernières 48 heures, sur la nature «temporaire» des pouvoirs élargis du chef de l'État, les partis et mouvements d'opposition ont affirmé à plusieurs reprises qu'«il n'y pas de dictature temporaire».

Dans son communiqué, la présidence a souligné que l'élargissement de ses pouvoirs était nécessaire pour «éviter toute tentative de mettre en cause ou de faire disparaître deux institutions élues démocratiquement, la Haute chambre du Parlement et l'Assemblée constituante».

Dans son décret, M. Morsi a notamment décidé qu'aucune instance judiciaire ne pouvait dissoudre la commission chargée de rédiger la future Constitution, critiquée en raison de la prédominance des islamistes. Sa composition fait l'objet d'un recours devant la Haute cour constitutionnelle.

La présidence a également souligné «son engagement ferme à inviter toutes les forces politiques au dialogue démocratique ouvert à tous afin (...) d'obtenir un consensus national sur la Constitution, qui sera la pierre angulaire des institutions égyptiennes modernes».

La présidence, qui avait évoqué dans son décret la possibilité d'ouvrir de nouvelles enquêtes et procès sur les meurtres de manifestants durant la révolution qui a entraîné la chute d'Hosni Moubarak en février 2011, a de nouveau évoqué la nécessité de «protéger le droit des martyrs et des victimes»;

«Cette déclaration est nécessaire pour s'assurer que ceux qui se sont rendus coupables de corruption et d'autres crimes sous le régime précédent et pendant la période transitoire rendent des comptes», écrit-elle encore.

Prenant la tête du mouvement de contestation, le Club des juges a dénoncé une «attaque sans précédent contre les jugements du pouvoir judiciaire» et a appelé à une grève des tribunaux du pays, qui a déjà débuté à Alexandrie.