La force militaire internationale au Mali pourra être déployée dès que l'ONU donnera son feu vert à une intervention armée pour chasser les groupes islamistes du nord du pays, a affirmé mardi le président de la Commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouedraogo.

«La force est tout à fait prête. Lorsque l'ONU donnera son feu vert, le déploiement pourra commencer immédiatement», a affirmé M. Ouédraogo à des journalistes en marge d'une table ronde sur le Niger à Paris.

Dimanche, les chefs d'État ouest-africains, réunis à Abuja, se sont mis d'accord sur l'envoi au Mali d'une force de 3300 soldats afin de reconquérir le nord du pays occupé depuis avril par des groupes islamistes armés.

Ce plan doit être transmis à l'ONU avant la fin novembre, via l'Union africaine. Le président en exercice de la Commission économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'Ivoirien Alassane Ouattara, a dit espérer que le Conseil de sécurité donnerait son feu vert à l'intervention à la fin du mois ou début décembre.

Interrogé sur les délais nécessaires à la constitution de cette force, dont la composition reste encore floue, M. Ouédraogo a affirmé qu'«on n'a pas besoin de déployer toute la force en même temps».

«Ce n'est pas une guerre classique. Il y aura des opérations spéciales. Ça se fera par phases», a-t-il dit.

Au lendemain du sommet d'Abuja, plusieurs experts avaient mis en doute la capacité de l'Afrique de l'Ouest à déployer une force avant plusieurs mois.

«Il y a eu beaucoup de progrès ces dernières semaines en terme de cohérence internationale», avait souligné Gilles Yabi, d'International Crisis group (ICG) à Dakar, «mais nous ne sommes cependant pas à la veille d'une intervention qui se décline dans la durée», même après accord de l'ONU associée à sa préparation.

Mardi, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a affirmé que les pays ouest-africains voulaient «aller vite».

Des ministres de cinq pays européens (France, Allemagne, Pologne, Espagne, Italie) discuteront jeudi à Paris d'une mission européenne d'entraînement des forces africaines, qui pourrait mobiliser au moins 200 militaires, encadrés par des «éléments de protection».

«Nous avons demandé un soutien aérien. Tous nos partenaires, la France entre autres, ont promis leur soutien», a assuré mardi M. Ouédraogo.

Un peu plus tôt, le ministre français de la Défense avait pourtant écarté l'éventualité de frappes aériennes: «Quand je dis pas de troupes au sol, ça veut aussi dire pas de troupes en l'air», avait-il résumé. «Que nous puissions apporter du renseignement, c'est autre chose», avait-il ajouté.