Le Rwanda a été élu jeudi membre non permanent du Conseil de sécurité, malgré un rapport accablant de l'ONU, en même temps que l'Argentine, l'Australie, la Corée du Sud et, petite surprise, le Luxembourg.

Ces cinq nouveaux membres siègeront pour un mandat de deux ans à partir du 1er janvier 2013. Ils remplaceront l'Afrique du Sud, l'Allemagne, la Colombie, l'Inde et le Portugal.

Juste avant le début du vote à l'Assemblée générale, la République démocratique du Congo a soulevé sans succès une objection, affirmant que le Rwanda n'était pas digne de sièger au Conseil en raison de son «rôle déstabilisateur en RDCongo».

Dans un rapport confidentiel de l'ONU qui a commencé à fuiter deux jours avant le scrutin, Kigali est accusé d'armer la rébellion du M23 dans l'est de la RDCongo. Le Rwanda a toujours démenti ces accusations.

C'est la deuxième fois que le Rwanda siège au Conseil. Ce dernier a dénoncé à plusieurs reprises «l'appui extérieur» apporté aux rebellions en RDCongo, sans toutefois mettre en cause nommément le Rwanda, qui bénéficie du soutien des États-Unis, ni sanctionner des responsables rwandais comme le réclame Kinshasa.

La présence du Rwanda «va compliquer la recherche de l'unanimité» sur ce dossier, a estimé un diplomate avec euphémisme.

La ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a rejeté devant la presse les conclusions des experts de l'ONU, parlant de «rapport erroné» et de «manipulation». Le Rwanda, a-t-elle dit, «ne veut pas bouleverser les choses mais apporter une contribution» en vue d'une «solution durable» dans la région des Grands Lacs.

Pour être élu, il fallait rassembler une majorité des deux tiers de l'Assemblée, composée de 193 pays membres: le Rwanda (148 voix), l'Australie (140) et l'Argentine (182) ont été élus au premier tour. La bataille a été plus serrée pour le Luxembourg et la Corée du Sud élus au second tour.

Avec 131 voix, le Luxembourg a déjoué les pronostics qui donnait la Finlande (62 voix) comme favorite. Le Grand-Duché, membre de l'ONU depuis 1945 et fondateur de l'Union européenne, n'a jamais siégé au Conseil.

La Corée du Sud a écrasé le Cambodge, pourtant soutenu par Pékin, par 149 votes contre 43.

L'Argentine va siéger aux côtés du Royaume-Uni

Le Conseil, qui compte 15 membres, renouvelle chaque année cinq de ses dix sièges de membres non permanents, sur une base régionale.

D'emblée, les jeux étaient faits pour le Rwanda et l'Argentine qui n'avaient pas d'adversaires déclarés dans leur région respective (Afrique et Amérique latine-Caraïbes).

L'ambassadeur sud-coréen à l'ONU Kim Sook a confirmé qu'au Conseil la hantise de Séoul resterait son voisin du Nord. Le Conseil, a-t-il souligné, «a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la stabilité» dans la péninsule coréenne.

Les cinq autres membres non permanents sont l'Azerbaïdjan, le Guatemala, le Maroc, le Pakistan et le Togo. Leur mandat s'achève à la fin 2013.

Les cinq membres permanents, qui ont un droit de veto, sont les États-Unis, la Chine, la France, la Russie et le Royaume-Uni.

Le Conseil de sécurité a la responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Ses décisions --résolutions ou déclarations-- sont en principe contraignantes et doivent recueillir au moins neuf voix sur 15, sans veto.

L'Argentine qui a déjà siégé huit fois depuis 1948, sera aux côtés du Royaume-Uni, 30 ans après la fin de la guerre entre les deux pays pour la souveraineté des Malouines, un archipel de l'Atlantique Sud. Lors de son dernier mandat en 2005-2006, la cohabitation s'était bien passée.

L'Australie, qui a siègé au Conseil quatre fois déjà, avait lancé sa candidature en 2008 et déployé un lobbying intense et coûteux pour obtenir un cinquième mandat, selon des diplomates.

Après le vote, le ministre australien des Affaires étrangères, Bob Carr, exultait: «c'est toujours bon de voir l'Australie gagner (..) ce vote confirme que l'Australie est un bon citoyen du monde (..), que le monde respecte ses valeurs et son professionnalisme».