Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté vendredi à l'unanimité une résolution qui presse les pays ouest-africains de préciser leurs plans en vue d'une intervention militaire destinée à reconquérir le nord du Mali, contrôlé par des islamistes extrémistes.

Le texte, mis au point par la France, invite en parallèle le gouvernement malien et les rebelles touareg à «entamer, dès que possible, un processus de négociation crédible».

Cette résolution est «un premier pas, j'espère, vers quelque chose de plus vigoureux», c'est-à-dire un feu vert formel de l'ONU à l'intervention comme le demande Bamako, a expliqué l'ambassadeur du Guatemala Gert Rosenthal, qui préside le Conseil en octobre. Le Conseil «a le sentiment que la situation au Nord-Mali est grave et réclame une action rapide (...), mais c'est une opération très compliquée», a-t-il ajouté.

La résolution charge le secrétariat général de l'ONU de travailler avec la Cédéao (Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest) et l'Union africaine pour présenter dans les 45 jours des «recommandations détaillées et applicables» en vue d'une intervention armée. Il s'agit notamment du «concept d'opérations», des effectifs et d'une évaluation des coûts. Pour ce faire, l'ONU fournira aux Africains des experts.

Ce n'est que dans un deuxième temps, au mieux à la fin de l'année, et par une deuxième résolution, que le Conseil pourra donner mandat pour le déploiement de cette force qui prendra de toute façon plusieurs mois. Il faudra d'abord reconstituer l'armée malienne mise à mal par un coup d'État et une défaite militaire face aux rebelles du Nord.

Le Conseil se déclare simplement «prêt à donner suite à la demande des autorités» maliennes dès qu'il aura les renseignements demandés.

En attendant, il invite les pays membres de l'ONU et les organisations comme l'Union européenne à commencer à entraîner et équiper l'armée malienne et à «appuyer la lutte contre les groupes terroristes». L'UE envisage l'envoi rapide de 150 instructeurs militaires et en discutera lundi entre ministres des Affaires étrangères.

«Soutien logistique» de la France

Pour l'instant il s'agit de «maintenir l'élan et de mobiliser la communauté internationale», selon un diplomate. «On s'inscrit a priori dans un calendrier d'une année», estime un autre.

La résolution dénonce les violations des droits de l'homme dans le Nord et demande une nouvelle fois, sous peine de sanctions, «aux groupes rebelles maliens de couper tout lien avec les organisations terroristes» comme Al-Qaïda au Maghreb islamique. Elle invite les autorités maliennes de transition à accélérer le retour à l'ordre constitutionnel avec «des mesures concrètes et un calendrier précis».

Bamako a requis un mandat de l'ONU pour une «force militaire internationale» avec un déploiement au Mali de troupes ouest-africaines qui l'aideraient à reconquérir le nord du pays, contrôlé par des extrémistes islamiques dont certains sont liés à Al-Qaïda. Peu de voisins du Mali se sont engagés fermement à contribuer à cette force qui pourrait comprendre 3000 hommes et son financement reste flou.

Le Conseil réclame en vain depuis six mois des détails sur les modalités de cette intervention (objectifs, troupes, commandement, besoins logistiques, etc.).

Le président François Hollande a rappelé jeudi que la France -- en première ligne sur ce dossier en raison de ses intérêts dans la région et des six otages français au Sahel -- offrirait un «soutien logistique» à la force, «mais pas d'hommes au sol».

Une réunion se tiendra le 19 octobre à Bamako avec les principaux acteurs (Cédéao, UA, UE, ONU) pour tenter de mettre au point une «stratégie cohérente», selon un diplomate.

L'ambassadeur malien à l'ONU Oumar Daou a «souligné une fois de plus l'importance et l'urgence du déploiement d'une force militaire internationale» et a promis au Conseil l'entière coopération de Bamako.

Parlant au nom de la Cédéao, l'ambassadeur de Côte d'Ivoire Youssoufou Bamba s'est déclaré «satisfait de la résolution, parce qu'elle ouvre la voie à une autre résolution réclamant une action concrète».