Un nouveau mini-sommet des pays des Grands Lacs a une nouvelle fois échoué samedi à Kampala à définir les contours d'une force neutre devant être déployée dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à une nouvelle poussée de violences depuis le printemps.

La nouvelle rencontre des dirigeants des pays de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) était la troisième en deux mois consacrée à la crise en RDC.

Seuls trois présidents ont répondu samedi présents à l'invitation de leur homologue ougandais Yoweri Museveni : le dirigeant de RDC Joseph Kabila, le Tanzanien Jakaya Kikwete et le Sud-Soudanais Salva Kiir, dont le pays n'est encore qu'un futur membre de la CIRGL.

Grand absent de ce mini-sommet : le Rwandais Paul Kagame, dont le pays est accusé par la RDC et l'ONU de soutenir la mutinerie dite du «M23» qui affronte l'armée régulière congolaise depuis le printemps dans l'est de la RDC, région chroniquement instable.

L'idée d'une force neutre pour «éradiquer» les groupes armés actifs dans la zone -- le M23 mais pas seulement -- avait été lancée en marge d'un sommet de l'Union africaine (UA) dès la mi-juillet.

Mais samedi, le communiqué de la CIRGL publié à l'issue de la réunion apportait encore peu d'éléments sur la future force : tout juste indique-t-il qu'elle serait déployée «sous un mandat de l'UA et des Nations unies».

Un groupe de quatre pays -- Kenya, Angola, République du Congo, Tanzanie -- a été chargé de faire une présentation, devant l'UA, de sa mise en place et la CIRGL demande à nouveau à ses ministres de la Défense de se retrouver très vite pour travailler à «l'opérationalisation de la force internationale neutre, en vue de la déployer dans un délai de trois mois».

La Tanzanie a offert sa participation à la future force et un nouveau sommet a été en attendant reprogrammé dans un mois.

Des dizaines de milliers de déplacés et réfugiés

Début août, les dirigeants de la CIRGL avaient déjà échoué à se mettre d'accord sur la complexe composition de la force neutre. Une solution impliquant la mission de l'ONU en RDC (Monusco) avait les faveurs de Kinshasa, mais Kigali ne cache pas sa défiance envers la force onusienne.

Depuis, mi-août, le ministre de la Défense de RDC, Alexandre Luba Ntambo, avait indiqué qu'elle pourrait comporter «4.000 hommes» issus de «pays africains». Mais il avait aussi jugé «normal» que les pays concernés par les troubles -- Rwanda, RDC, mais aussi Ouganda et Burundi -- n'y participent pas. Le Burundi était allié au Rwanda et à l'Ouganda lors des deux guerres régionales qui les ont opposés à la RDC dans la deuxième moitié des années 90.

Les nouvelles violences ont ravivé les tensions régionales ces derniers mois.

Lundi encore, la RDC a accusé Kigali d'avoir profité d'un récent retrait officiel de la région de militaires rwandais pour aussi «exfiltrer» des hommes qui, dit-elle, avaient «attaqué» son armée avec le M23.

Quelques centaines de militaires rwandais ont quitté il y a une semaine le territoire congolais de Rutshuru, en partie contrôlé par le M23, pour rentrer chez eux.

Ils faisaient partie d'un bataillon congolo-rwandais déployé en 2009 pour une opération conjointe destinée à combattre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), une rébellion hutu combattue par Kigali pour sa participation présumée au génocide du Rwanda en 1994 et qui sévit contre les populations de l'est de la RDC depuis des années.

À l'ouverture du mini-sommet samedi, le représentant permanent de l'ONU en Afrique centrale, Abou Moussa, a redit les Nations unies prêtes à offrir une aide «appropriée», en «coopération avec les pays de l'Union africaine et les partenaires régionaux et internationaux» pour résoudre la crise.

Il s'est aussi redit préoccupé par «les situations sécuritaires et   humanitaires dans l'est de la RDC» et a de nouveau appelé à l'arrêt de tous les «soutiens extérieurs» au M23.

Depuis avril, les nouveaux combats dans la région ont fait plus de 220.000 déplacés à l'intérieur de la RDC et forcé quelque 57.000 autres personnes à fuir au Rwanda et en Ouganda voisins.