Les Angolais ont voté dans le calme vendredi, pour la troisième fois depuis l'indépendance du pays en 1975, pour des élections générales dont devrait sortir vainqueur, sauf immense surprise, le MPLA du président sortant José Eduardo dos Santos.    

Les premiers bureaux ont fermé à 18 h (13 h, heure de Montréal) et le dépouillement a immédiatement commencé. Les premières tendances sont attendues au cours de la fin de semaine, avant des résultats définitifs la semaine prochaine.

Le chef du parti vainqueur deviendra automatiquement président de la République pour cinq ans, selon la nouvelle Constitution adoptée en 2010.

Le président dos Santos, au pouvoir depuis près de trente-trois ans, part grand favori du scrutin, malgré les attaques de l'opposition qui lui reprochent de ne pas répartir la manne pétrolière qui a enrichi le pays.

En dépit des risques de fraude dénoncés par l'opposition, qui s'inquiétait aussi de l'omniprésence du parti dominant dans les médias publics, les électeurs rencontrés par l'AFP semblaient optimistes et confiants dans la possibilité de faire entendre leur voix.

« Je viens voter pour voir les choses changer en Angola. En 2008, j'ai donné ma voix à un parti, mais rien n'a bougé. Alors cette année, je vais voter pour un autre candidat », confie David Mongo, 37 ans, venu voter dans la capitale Luanda.

L'organisation du scrutin a été « satisfaisante » et l'état d'esprit des électeurs « bon », a estimé dans l'après-midi le chef de la mission d'observation de l'Union africaine (UA), Pedro Verona Pires.

« Nous avons visité plusieurs bureaux de vote dans différents quartiers de la capitale et discuté avec les scrutateurs sur place », a expliqué à l'AFP l'ancien président cap-verdien.

José Eduardo Dos Santos, président sortant et candidat du MPLA, a demandé aux Angolais de lui faire à nouveau confiance, promettant de poursuivre la reconstruction d'un pays dévasté par une longue guerre civile qui a duré de 1975 à 2002.

« J'appelle tous les Angolais à exercer leur droit de vote, comme je viens de le faire, afin de développer notre démocratie », a-t-il déclaré après avoir voté dans la matinée à Luanda, se disant satisfait du déroulement du scrutin.

À la tête du pays depuis bientôt trente-trois ans, Dos Santos, qui a fêté ses 70 ans mardi, a fait de la présidence une institution toute puissante, dominant la vie politique et économique de l'Angola, deuxième producteur de pétrole d'Afrique derrière le Nigeria.

Son parti avait remporté 81 % des voix en 2008.

Son principal adversaire, le président de l'Unita, Isaias Samakuva, 66 ans, avait voté peu auparavant.

« Je suis content d'exercer mon devoir de citoyen malgré notre insatisfaction sur la transparence du processus », a-t-il lancé en glissant son bulletin dans l'urne.

Samakuva a promis d'instaurer une véritable démocratie dans le pays. Redoutant une manipulation du vote par le pouvoir, l'Unita a fait pression depuis janvier pour faire corriger certaines irrégularités, mais a continué de dénoncer des dysfonctionnements, notamment une composition fantaisiste des listes électorales.

« Il y a beaucoup de gens à qui l'on refuse le vote parce que leur nom ne figure pas sur les listes », a témoigné Elias Isaac, membre d'une ONG sud-africaine qui observe les élections.

Un nouvel acteur a fait son apparition dans le jeu politique angolais en mars dernier, bousculant le traditionnel duel entre MPLA et Unita. Abel Chivukuvuku, un ancien cadre de l'Unita, a créé un nouveau parti d'opposition rassemblant des déçus des deux partis historiques ainsi que des figures de la société civile.

Populaire auprès des jeunes, le nouveau parti, baptisé Casa (Large convergence pour le salut de l'Angola) n'a cependant qu'une faible implantation.

« Casa est un parti avec un bon programme, qui pourrait nous aider à acheter une maison », a indiqué à l'AFP Diogo Miguel Bernardo, un chômeur de 31 ans qui n'a pas pu voter parce qu'il était inscrit loin de chez lui.

La pauvreté et les inégalités croissantes entre riches et pauvres ont nourri la campagne de l'opposition. Bien que le pays se soit enrichi grâce au pétrole, l'Unita affirme que la richesse pétrolière bénéficie exclusivement à une élite, alors que 55 % de la population vit dans la misère.