Le Parlement somalien a élu mardi à Mogadiscio, sous haute protection militaire, son nouveau président, Mohamed Osman Jawari, une étape importante en vue de doter de nouvelles institutions un pays plongé dans la guerre civile depuis 1991.

«Après une élection couronnée de succès et menée dans la transparence, je déclare Mohamed Osman Jawari président du Parlement de Somalie», a annoncé le doyen d'âge de l'hémicycle, Musse Hassa Abdulle.

Épaisses lunettes, barbiche et cheveux blancs, Mohamed Osman Jawari est un ancien ministre du temps du président Siad Barre, renversé en 1991.

Il n'avait plus occupé de fonction politique de premier plan, jusqu'à ce qu'il préside ces derniers mois la commission constitutionnelle qui a élaboré une nouvelle Loi fondamentale pour ce pays dévasté de la Corne de l'Afrique.

M. Jawari est arrivé largement en tête du premier tour de scrutin avec 119 voix, contre 77 pour son suivant immédiat, Ali Khalif Galayr. Ce dernier a alors annoncé son retrait de la course, rendant inutile la tenue d'un second tour.

M. Jawari est originaire de la ville de Baïdoa, dans le sud du pays, longtemps un bastion des islamistes shebab en guerre contre les autorités somaliennes, repris cette année par les forces progouvernementales.

Il est issu du clan des Rahanweyn, un des quatre principaux clans somaliens dont l'entente est indispensable pour pouvoir assurer un minimum de stabilité.

Le Parlement somalien doit se réunir à nouveau, a priori la semaine prochaine, pour élire le nouveau président de la République, l'échéance la plus attendue par la communauté internationale, qui s'efforce de contribuer à la stabilisation du pays.

Les députés ont cependant tenu leur session mardi non pas au Parlement, mais dans les locaux de l'Ecole nationale de police, près du port, sous haute protection armée, preuve de la volatilité de la situation.

«Il n'y a pas de place ici pour les fauteurs de troubles, car la sécurité est assurée de façon sérieuse», se félicitait auprès de l'AFP Abdi Mohamud, un jeune policier.

Le nouveau Parlement avait déjà tenu sa session inaugurale le 20 août sur l'aéroport ultra-sécurisé de Mogadiscio, pour des raisons de sécurité.

Le fait même que la nouvelle assemblée se réunisse dans la capitale somalienne est vu comme une avancée par les parlementaires. Les deux précédents Parlements dits «de transition» avaient été investis en 2000 à Arta (Djibouti), puis en 2004 à Nairobi (Kenya), en raison du chaos sécuritaire en Somalie.

Cette fois-ci, 228 députés, sur les 260 désignés à ce jour par un collège de 135 chefs coutumiers - ils seront à terme 275 - étaient réunis à Mogadiscio et voulaient croire qu'ils incarnaient un nouveau départ pour la Somalie.

«Nous sommes réunis ici pour désigner un nouveau président du Parlement», a déclaré à l'AFP un de ces parlementaires, Mustaf Dhuhulow. «Tout est prêt pour ce processus».

Les précédentes institutions mises en place depuis 2000 ont toutes échoué à asseoir leur autorité, et la plupart des analystes doutent du succès de cette nouvelle tentative.

Les nouvelles autorités mises en place avec retard - le processus aurait dû être bouclé le 20 août - doivent se substituer aux institutions de transition en poste depuis 2004, qui n'ont jamais réussi à imposer leur autorité au-delà de quelques quartiers centraux de Mogadiscio.

La sécurité s'est cependant nettement améliorée à Mogadiscio depuis que les shebab en ont été chassés par une force de l'Union africaine en août 2011, avant de perdre la plupart de leurs bastions du sud et du centre devant une offensive menée par des soldats éthiopiens et kényans.

Le président sortant Cheikh Sharif Cheikh Ahmed, élu en 2009 après avoir rallié les institutions de transition qu'il combattait auparavant à la tête d'une rébellion islamique, est l'un des favoris du prochain scrutin présidentiel.

Ses plus sérieux adversaires semblent son premier ministre, Abdiweli Mohamed Ali, et le président du Parlement sortant, Sharif Hassan Sheikh Adan.