Des rebelles ont tué au moins 24 soldats et en ont blessé 12 dans l'État de Jonglei au Soudan du Sud, et 17 soldats sont aussi portés disparus, a indiqué dimanche le gouverneur de l'État.

L'attaque a eu lieu jeudi dans la région de Pibor, dans l'État de Jonglei, où des soldats avaient été envoyés pour tenter de localiser le chef rebelle David Yau Yau, qui avait quitté l'armée sud-soudanaise (SPLA) en avril.

«24 soldats ont été tués et 12 blessés, et environ 17 sont portés disparus», a indiqué à l'AFP le gouverneur de l'État de Jonglei, Kuol Manyang, expliquant que les survivants avaient mis du temps à rentrer pour faire connaître la nouvelle de l'attaque.

«Nous avons envoyé une petite unité pour confirmer la présence de David Yau Yau dans la zone (...) et ils ont été attaqués par des hommes en uniforme, aidés par des civils armés», a-t-il ajouté.

Selon lui, ces civils pourraient être des jeunes du groupe ethnique Murle qui vivent dans la région de Pibor. David Yau Yau appartient à ce groupe ethnique et il aurait recruté des jeunes ces dernières semaines, selon des témoignages.

David Yau Yau s'était rebellé contre le gouvernement de Juba en 2010, mais avait accepté une amnistie en 2011, juste avant l'indépendance du Soudan du Sud.

Kuol Manyang a récusé toute idée que l'attaque rebelle puisse être une vengeance contre l'armée sud-soudanaise, accusée de nombreux crimes dans la région du Jonglei, qu'elle est venue pacifier après des violences ethniques.

«Ce n'est pas une vengeance, c'est une rébellion», a-t-il estimé.

D'après la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud, l'armée sud-soudanaise a massacré plus de 600 personnes dans la région de Pibor en décembre, et elle s'est rendue coupable également de tortures et de viols.

La région du Jonglei a été particulièrement touchée lors de la guerre civile entre le Nord et le Soudan du Sud entre 1983 et 2005.

Des dizaines de morts en trois jours

Les combats entre rebelles et forces régulières dans l'État soudanais du Kordofan-Sud ont fait des dizaines de morts dans les deux camps en trois jours, selon des sources de l'armée et de la rébellion dimanche.

Les rebelles de la branche nord du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM, ex-rebelles sudistes) ont affirmé que les combats se poursuivaient depuis vendredi dans le village d'Al-Moreib (nord-est du Kordofan-Sud).

«Jusqu'à présent 61 hommes dans le camp ennemi ont été tués et un grand nombre de soldats blessés», a précisé le groupe dans un communiqué. «Nous avons eu cinq martyrs et sept autres combattants ont été blessés».

Les rebelles avaient affirmé vendredi avoir tué 16 soldats gouvernementaux qui avaient attaqué et pillé le village d'Al-Moreib au Kordofan-Sud, une région en proie à un conflit sanglant depuis plus d'un an.

L'armée avait affirmé samedi avoir chassé du secteur les rebelles qui «terrorisaient et intimidaient» la population. Elle a déploré la mort d'un soldat et affirmé avoir tué une vingtaine de rebelles.

Il n'est pas possible de vérifier ces bilans, l'accès à la région étant interdit par les autorités.

Les rebelles accusent le gouvernement de multiplier les attaques contre au Kordofan-Sud (sud du Soudan) afin d'empêcher les agences humanitaires d'aider les centaines de milliers de civils affectés par les combats qui ont commencé en juin 2011.

Le pouvoir à Khartoum a rejeté ces accusations, en affirmant qu'il était engagé en faveur de l'acheminement d'une aide humanitaire dans cette zone, en application de l'accord signé le 5 août avec l'ONU, l'Union africaine et la Ligue arabe, permettant l'accès humanitaire au Kordofan-Sud et au Nil Bleu.

Des combats similaires ont éclaté dans l'État du Nil Bleu, toujours dans le Sud, en septembre.

Le nombre de civils affectés par la guerre dans ces deux États a plus que doublé depuis décembre, s'élevant à 650 000 personnes selon l'ONU.

Le Soudan accuse le Soudan du Sud de soutenir les rebelles du Kordofan-Sud, qui s'étaient battus aux côtés des Sudistes pendant la guerre civile (1983-2005) ayant abouti à la partition du Soudan du Sud en juillet 2011. Juba rejette ces accusations.