Le gouvernement somalien doit mettre fin à une vague d'assassinats, visant notamment des journalistes, ont indiqué lundi l'Union africaine (UA) et l'ONU.

Cet appel intervient à une semaine de la désignation, dans le cadre d'un processus parrainé par l'ONU pour tenter de sortir la Somalie du chaos dans laquelle elle est plongée depuis plus de vingt ans, d'institutions pérennes censées remplacer les instances de transition créées il y a huit ans et minées par la corruption.

Au cours de la semaine écoulée, au moins sept personnes ont été assassinées par balle, a souligné lundi le représentant spécial de l'UA en Somalie, Boubacar Diarra dans un communiqué, dénonçant «une hausse constante du nombre d'assassinats visant des journalistes, des responsables gouvernementaux et des hommes d'affaires».

«Les autorités somaliennes doivent lancer des enquêtes afin de traduire les responsables de ces crimes odieux devant la justice», a-t-il ajouté.

Au cours du seul week-end écoulé, deux journalistes, Yusuf Ali Osma - vétéran de la presse somalienne et haut responsable du ministère de l'Information - et Mohamed Ali Keyr - reporter indépendant selon Reporters sans Frontières (RSF) - ainsi qu'un homme d'affaires, Mohamed Rage, ont été assassinés, a rappelé M. Diarra.

Depuis le début de l'année, au moins un journaliste somalien a été tué ou blessé par balle chaque mois. Selon RSF, huit journalistes ont été tués depuis le début de l'année 2012 qui «à ce rythme pourrait devenir l'année la plus meurtrière depuis dix ans pour les membres de la presse en Somalie».

Le représentant spécial de l'ONU en Somalie a lui demandé la fin de la «culture de l'impunité», rappelant que les journalistes somaliens «ont vu depuis trop longtemps leurs collègues visés, blessés et assassinés, sans qu'un seul responsable soit traduit en justice».

Ces crimes récents n'ont pas été revendiqués. Si Mogadiscio a été le théâtre d'attentats attribués aux islamistes shebab, depuis qu'ils ont été chassés de la capitale, en août 2011, ces assassinats pourraient être liés plutôt à des luttes de pouvoir à l'approche de la fin de la période de transition.

L'ONU, l'UA et l'organisation intergouvernementale est-africaine Igad se sont dit vendredi «de plus en plus inquiets» de l'utilisation par des responsables de «la corruption, l'intimidation (et) la violence» pour influer sur le processus de sélection des futurs parlementaires.

La Somalie est, depuis la chute du président Siad Barre en 1991, privée d'autorité centrale et livrée aux chefs de guerres, milices islamistes et gangs criminels.